A l’occasion de Noël, le 25 décembre 2018, deux articles ont paru dans le quotidien officiel de l’Autorité palestinienne (AP) Al-Hayat Al-Jadida, établissant un lien entre Jésus et la lutte nationale palestinienne contre Israël. L’un des articles décrit Jésus comme un héros national palestinien, crucifié pour avoir défendu ses droits face aux « juifs fanatiques » qui ont déformé le judaïsme, tout comme les sionistes l’ont « pris en otage » avec le soutien de « l’Occident capitaliste ». Le second article présente Jésus comme un martyr et comme le premier fidaï (combattant qui sacrifie son âme), qui a donné sa vie pour la patrie.
Notons que ce n’est pas la première fois que de hauts-responsables palestiniens établissent un lien entre Jésus et la lutte nationale palestinienne. Ainsi, durant une visite qu’il a effectuée au camp de réfugiés de Dheisheh en 1999, Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem jusqu’en 2008, avait affirmé que Jésus était un réfugié, qui s’était opposé à l’exploitation et à la violation des droits, et que les réfugiés palestiniens devaient par conséquent revendiquer leurs droits et ne pas les négliger. A la même occasion, Assad Abd Al-Rahman, alors membre du Comité exécutif de l’OLP et ministre des Affaires des réfugiés de l’AP, qui avait prononcé un discours pour le compte du président de l’AP Yasser Arafat, avait qualifié Jésus de « premier réfugié palestinien, premier prince de la paix, et premier fidaï palestinien, qui a été racheté par la douleur et la souffrance… » [1] Extraits :
L’éditorialiste Omar Hilmi Al-Ghoul : Jésus était le premier symbole de la lutte pour la libération nationale
Omar Hilmi Al-Ghoul, éditorialiste du quotidien, a écrit :
Noël a une saveur spéciale, en raison de sa place unique dans la conscience [historique] palestinienne, avec ses prophètes, et notamment notre Seigneur le Messie [Jésus], qu’il repose en paix, le fils loyal et respecté de la Palestine, qui a défendu, il y a plus de 2 000 ans, ses choix religieux, politiques et juridiques contre les juifs fanatiques qui le méprisaient et l’ont persécuté, jusqu’à ce qu’ils [finissent] par le crucifier.
Jésus, qu’il repose en paix, était le premier symbole du combat pour la libération nationale des griffes de ceux qui prétendent représenter la religion juive, [mais] qui ont [en réalité] déformé l’Ancien Testament et ont falsifié son intention, combattu leurs [propres] prophètes et opprimé les juifs, les chrétiens et les autres, à l’époque de notre Seigneur le Messie. Ils n’ont pas cessé de commettre leurs crimes jusqu’à ce jour, [car à présent] le judaïsme a été pris en otage par le mouvement sioniste, qui l’a transformé en véhicule du projet colonialiste, avec le soutien inconditionnel et le consentement de l’Occident capitaliste, pour réaliser les objectifs colonialistes [des sionistes]. Ils continuent, quotidiennement, de promouvoir [des causes] en vue de l’option d’une guerre de religion, afin de couvrir les crimes des sionistes colonialistes et de leurs alliés à la Maison Blanche, au Pentagone, dans les couloirs des deux chambres [du Congrès], parmi les lobbies douteux et les pro-sionistes au sein de l’Eglise anglicane [sic, l’auteur fait apparemment référence aux évangéliques]… [2]
L’éditorialiste Muwaffaq Matar : Jésus était le premier martyr et le premier fidaï
L’éditorialiste Muwaffaq Matar a écrit :
Un jour éternel a commencé avec la naissance du messager exalté de la paix et de l’amour, Jésus le Messie, qu’il repose en paix… Il a porté sa croix alors que son front sacré saignait, par souci de vérité, de justice et de paix. Son sacrifice nous met en garde et nous ouvre les yeux face aux dangers de l’hégémonie et de l’oppression, au moyen des armes de la répression, de la pauvreté et de la famine.
Les croyants sont tous des martyrs potentiels, jusqu’à ce que le Dieu tout-puissant permette aux âmes de Ses bien-aimés de monter au ciel, et les martyrs sont des croyants dont le pouvoir façonne notre mémoire nationale… Ils nous disent que notre Seigneur le Messie, le premier martyr et le premier fidaï, nous a enseigné que l’amour est la voie et que la vie regorge d’abondance qu’il faut rechercher jusqu’au tout dernier moment, car c’est l’une des merveilles intarissables d’Allah dans le monde … [3]
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Voir Dépêche spéciale de MEMRI n° 45, The Catholic Patriarch Michel Sabbah on Jesus and Jihad, 17 août 1999.
[2] Al-Hayat Al-Jadida (AP), 25 décembre 2018.
[3] Al-Hayat Al-Jadida (AP), 25 décembre 2018.