Un film d’espionnage iranien, Le renard, suit des agents des services de renseignements iraniens dans leur traque du frère cadet imaginaire du Premier ministre israélien Netanyahou : Yohan. Le générique du film diffusé sur Ofogh TV le 24 mars 2019 indique qu’il s’agit d’une fiction, mais que « des événements très similaires se sont produits dans le passé ». Yohan Netanyahou, agent du Mossad et commando de la Sayeret Matkal (unité d’élite israélienne), a été envoyé par son frère en Iran pour une mission très secrète, inconnue même du Mossad. La secrétaire personnelle de Benjamin Netanyahou et l’oncle de sa mère (à elle), qui travaillent pour les services de renseignements iraniens, aident les agents à appréhender Yohan. L’oncle, un vieux Juif qui n’aime pas ses coreligionnaires, explique que sa famille était composée de Tziganes qui se sont convertis au judaïsme pendant la Seconde Guerre mondiale pour mieux s’intégrer aux États-Unis. Lors de son interrogatoire, Yohan révèle les noms de 65 agents du Mossad occupant des postes de responsabilité en Iran, en Irak, au Pakistan, en Afghanistan, au Tadjikistan, en Turquie, en Grèce et au Liban. Le film suggère également l’existence d’un lien entre Israël et l’Etat islamique. Extraits :
Agent 1 : Le connaissez-vous, Chef ?
Chef : Bien sûr que je le connais. C’est l’un de nos ennemis les plus acharnés depuis maintenant dix ans. Il est lui-même en Iran à présent.
Agent 1 : A-t-il au Liban ?
Chef : Oui. Au Liban, au Tadjikistan, en Afghanistan, en Turquie, en Syrie… C’est Yohan Netanyahou.
Agent 1 : Netanyahou ? Le Premier ministre d’Israël ?
Chef : Non, ça c’est Benjamin…
Agent 2 : Chef, il manque de sommeil. Excusez-moi pour lui.
Chef : Benjamin Netanyahou a deux frères qui ont servi avec lui dans la Sayeret Matkal.
Agent 2 : Sayeret Matkal ?
Chef : Oui. Les trois frères y ont servi. Le frère aîné a été tué il y a 40 ans lors d’une opération à l’aéroport d’Entebbe d’Ouganda. Lui, c’est le frère cadet, Yohan. Que faites-vous ?
Agent 2 : Je lance une recherche sur la Sayeret Matkal.
Chef : Interrogez-moi. Qui est le mieux renseigné, moi ou Internet ?
Agent 2 : Vous bien sûr.
Chef : Je plaisante. Continuez. La Sayeret Matkal est la plus haute organisation de renseignement de l’armée israélienne. Elle opère indépendamment du Mossad et reçoit ses ordres directement du Premier ministre. Avez-vous honte de vous maintenant ?
Agent 1 : Chef, où [Yohan] a-t-il appris le persan ?
Chef : Au sein de Sayeret Matkal. Oui, c’est le frère aîné, Yonatan. Où avez-vous trouvé cela ? Dans Wikipédia ?
Agent 2 : Oui, Monsieur.
Agent 1: Il était beau.
Chef : Oui. Il est mort jeune, célibataire.
Agent 2 : En 1976… Il est mentionné ici que la photo a été prise peu de temps avant sa mort. Il a 30 ans sur la photo.
Chef : Ils avaient un autre frère appelé Iddo. Voyez ce que vous pouvez trouver sur lui.
Agent 2 : Très bien, Monsieur. Ceci est le formulaire d’inscription pour la Sayeret Matkal.
Agent 1 : Le formulaire d’inscription ? Quel est le salaire ?
[…]
Chef : Le Mossad compte de nombreux informateurs. Si nous avons des informateurs, les Américains en ont dix fois plus.
Agent 1: Netanyahou aurait donc contourné le Mossad ?
Chef : S’il l’a fait, il est clair qu’il n’a envoyé qu’une seule personne. Une personne dont la loyauté ne fait aucun doute, dont on peut nier l’existence, quelqu’un comme son frère. […] Attendez, j’ai besoin de vous pour quelque chose.
Agent 2 : Bien sûr.
Chef : Ayoub est en danger.
Agent 2 : Ayoub ? Pourquoi Ayoub ?
Chef : Utilisez votre cerveau, Sherlock. Quel a été le rapport d’Ayoub à ce sujet ? Vous l’avez déchiffré vous-même.
Agent 2 : C’est vrai. Ayoub a dit que [Yohan] a été capturé en Syrie par l’Etat islamique il y a trois mois.
Chef : Savez-vous qui est Ayoub ?
Agent 2 : Non. Pourquoi devrais-je le savoir ? Je n’ai fait que déchiffrer ses messages.
Chef : Jusqu’à présent, vous n’aviez nul besoin de le savoir. Ayoub est secrétaire spécial de Benjamin Netanyahou.
Agent 2 : Ô… Comment est-ce possible ?
Chef : Ce fut possible, mais maintenant, il a perdu sa couverture. Nous devons le faire sortir. Vous devez organiser une rencontre avec lui et le faire venir en Iran si nécessaire.
Agent 2 : Moi ? Pourquoi moi ?
Chef : Parce que dans toute cette pagaille, je ne peux pas voyager à Erevan. En outre, ces trois ou quatre dernières années, je l’ai rencontré quatre fois. S’il est sous surveillance aujourd’hui, [ma] rencontre avec lui pourrait entraîner sa mort.
Agent 2 : Je n’ai jamais fait ce genre de choses…
Chef : Il y a une première fois pour tout.
Agent 2 : Et pourquoi Erevan ?
Chef : L’oncle de la mère d’Ayoub est un vieil homme qui vit à Erevan. Il travaille pour nous. Chaque fois que nous le voulons, il « tombe malade ». Il reçoit le signal à Erevan et envoie un e-mail à Ayoub, qui doit donc aller rapidement rendre visite à son oncle. C’est le code de la rencontre. Le code en haut signifie que c’est urgent, et celui du bas signifie que la rencontre a lieu à Erevan.
Agent 2 : D’accord…
Chef : Au fait, Ayoub est une femme. Son vrai nom est Sarah.
Agent 2 : Sarah…
[…] Nouvelle séquence
Sarah : Bonjour.
Agent 2 : Bonjour.
Sarah : Ravie de vous rencontrer. Vous pouvez y aller.
Agent 2 : Etes-vous sûre qu’il ne parle pas l’anglais ? (au sujet du chauffeur)
Sarah : Je suis sûre qu’il parle l’anglais. Et je suis sûre qu’il est l’oncle de ma mère.
Agent 2 : Désolé. Ils n’ont pas mentionné que…
Parent de Sarah : Je parle aussi le persan, mon garçon. Un des passe-temps des Arméniens ici est de se rassembler sur le porche le samedi soir et de parler le persan.
Agent 2 : Le persan, l’arménien, l’anglais, l’arabe… [Vous parlez] quatre langues.
Parent de Sarah : Six, en fait. Je parle aussi le russe et la langue des Tsiganes.
Agent 2 : La langue des Tsiganes ? De quoi s’agit-il ?
Parent de Sarah : C’est notre langue maternelle, mon garçon. Nous sommes en réalité des Tziganes, mais il y a 70 ans, mon père nous a forcés à nous convertir au judaïsme. C’était vers la fin de la guerre et les Américains traitaient beaucoup mieux les Juifs que nous, les Tziganes. Nous avons donc obtenu des papiers et sommes devenus juifs. Mon père, qu’il repose en paix, était intelligent et malin. Sarah tient beaucoup de mon père.
Agent 2 : Vous n’êtes donc pas vraiment juive.
Sarah : Pas vraiment, mais je vais à la synagogue tous les samedis.
Agent 2 : D’accord. Je suis là pour vous prévenir. Vous êtes en danger.
Sarah : Comment cela ? Et comment le savez-vous ? C’est Yohan Netanyahou. Vous l’avez attrapé ?
Agent 2 : Non, mais nous y travaillons. Ce n’est pas le sujet.
Sarah : Est-il déjà en Iran ?
Agent 2 : Nous le pensons. Le fait est que vous êtes dans…
Sarah : Pourquoi croyez-vous qu’il est en Iran ? C’est n’importe quoi.
Agent 2 : J’ai reçu l’ordre de vous aider à rejoindre l’Iran.
Sarah : Je ne « viendrai » nulle part avec vous. J’y retournerai. Ne vous inquiétez pas, il n’y a aucun danger là-bas. Vous êtes tellement méfiant. Je ne suis pas découverte et je ne vais pas…
Parent de Sarah : Elle n’est pas facile à convaincre, mon garçon.
Agent 2 : Si elle y retourne, ils la mettront en prison. Pourquoi ne comprend-elle pas ?
Proche de Sarah : Pourquoi devrait-elle comprendre ? Elle a une vie et un compagnon.
Agent 2 : Elle est mariée ?
Proche de Sarah : Elle va se marier.
Agent 2 : Ô mon Dieu… Je dois retourner à Téhéran mardi.
Proche de Sarah : Mardi c’est dans longtemps.
Agent 2 : Qu’est-ce que cela signifie ? Écoutez, monsieur, je ne sais pas… Peu importe comment, mais vous [devez] la convaincre de m’accompagner. Si elle ne revient pas avec moi, mon patron va me faire vivre l’enfer.
Proche de Sarah : Sérieusement ?
Agent 2 : Quoi ?
Proche de Sarah : D’ici à mardi, pouvez-vous la sortir deux soirées ?
Agent 2 : pour faire quoi ?
Proche de Sarah : Soyez optimiste. Emmenez-la dîner, peut-être changera-t-elle d’avis. En plus, je préférerais un mari musulman à un garçon juif.
Agent 2 : Elle ne comprend pas du tout le persan ?
Proche de Sarah : Ne vous inquiétez pas. C’est la dernière chose dont elle a besoin. […]
Nouvelle séquence
Yohan Netanyahou : Tu as besoin d’argent ou de quoi que ce soit d’autre ?
Hamid : Quoi, tu as trop d’argent ?
Yohan Netanyahou : Oui… Combien veux-tu ?
Hamid : Mon frère, amène-moi simplement à ma moto et séparons-nous en paix.
Yohan Netanyahou : Je veux te faire une offre que tu ne pourras pas refuser.
Hamid : Tu regardes beaucoup de films ? Tu ressembles au Parrain.
Yohan Netanyahou : Oui. Considère-moi comme le Parrain.
Hamid : Mais tu ne l’es pas.
Chef : Hamid, mon gars, ne discutez pas avec lui. Je veux entendre ce qu’il veut dire.
Yohan Netanyahou : Combien tu veux ?
Hamid : Pour quoi faire ? Qu’est-ce que tu veux ?
Yohan Netanyahou : Je veux vous emmener tous deux à l’étranger.
Hamid : Nous emmener ?
Yohan Netanyahou : Oui, vous deux. Toi et ta femme. Vous avez toujours voulu voyager à l’étranger, n’est-ce pas ?
Chef : Hamid, accepte.
Hamid : Quoi, je suis fou ?
Chef : Idiot, accepte. Sinon, il va te tuer. […]
Yohan Netanyahou : Écoute, si tu ne viens pas, je descends tout de suite et te donne même ce van en cadeau. Ensuite, tu dois prier pour que je ne quitte pas le pays, car si je pars, tôt ou tard, ils vous trouveront et vous tueront tous les deux, toi et ta femme.
Chef : Hamid, accepte son offre et quitte le véhicule.
Yohan Netanyahou : Israël a le bras long, mon cher garçon. Israël a le bras vraiment long. […]
Nouvelle séquence
Amir : Bonjour. Il y a quelque chose à manger ?
Propriétaire du restaurant : Bienvenue, Monsieur. Bien sûr, je m’occupe de vous dans un instant.
Chef : Amir, préparez-vous pour l’opération.
Amir : Oui, Monsieur. J’irai avec Ghobad. Esmaïl est au restaurant.
Chef : Faites très attention, il a sûrement une capsule de cyanure. La première chose à faire est de lui maintenir la mâchoire ouverte. D’abord, désarmez-le, puis ne le laissez pas fermer la mâchoire. J’arrive dans 30 secondes. […] Saïd, Hamid, s’il dégaine, allongez-vous sur le sol.
Ghobad : Viens ! Ouvre-lui la bouche ! C’est fini…
[Yohan Netanyahou lui mord la main]
Amir : Il m’a esquinté la main !
Chef : Il avait du cyanure ou non ?
Ghobad : Il a un gilet [pare-balles].
Amir : Non, Monsieur, il n’avait pas [de cyanure].
Agent 2 : Où est son téléphone portable ? M. Maftun, où est son téléphone portable ?
Hamid : Il est dans le sac.
Amir : Pourquoi tu mords ? Quoi, tu es un chien ?
Esmaïl : Espèce de petit voyou… Il a tout un arsenal.
Chef : Vous nous avez pas mal traînés derrière vous, M. Netanyahou.
Yohan Netanyahou : Vous pouvez déjà vous considérer comme morts !
Hamid : Écoute, Monsieur le Parrain, c’est la deuxième fois que tu nous menaces, moi et ma femme ! Laissez-moi m’occuper de lui ! […]
Yohan Netanyahou : Dis à ton commandant que vous perdez votre temps. Ces combines sont usées. Ca ne prend pas avec le Mossad. Vous m’entendez ?
Chef : Mettez-moi sur haut-parleur pour qu’il puisse entendre. Ce sont vos combines qui sont usées, M. Netanyahou. Vous voulez nous faire croire que le Mossad était au courant de votre mission ? Non, mon cher. Je pense que personne d’autre que votre Benjamin n’était au courant. Oubliez le Mossad, même à la Sayeret Matkal, personne n’était au courant. N’est-ce pas ? Qu’est-ce qui se passe ? Vous vous taisez.
Yohan Netanyahou : D’où vous viennent ces fantasmes ?
Chef : C’est parce que vous êtes venu seul et que vous avez engagé des amateurs. Des gens à usage unique qui peuvent être éliminés, comme ce pauvre homme qui a travaillé pour vous et que vous avez tué, et ce couple que vous avez amené ici pour le tuer après avoir passé la frontière. Asseyez-vous, s’il vous plaît. Vous vous taisez. Vous vous taisez parce que j’ai raison.
Yohan Netanyahou : Vous racontez n’importe quoi.
Chef : Peut-être que oui, peut-être que non. Nous devons en parler en détail. Pour l’instant, dormez, mon cher. Demain après-midi, je viendrai et nous aurons une longue conversation. Au fait, encore une chose. Cette base à Istanbul, à laquelle vous avez envoyé un message pour qu’ils viennent vous chercher, nous les surveillons depuis un an. Mais pourquoi avez-vous contacté l’Etat islamique ? Pourquoi n’avez-vous pas averti le Mossad ou la Sayeret Matkal ? Vous vous taisez toujours…
Yohan Netanyahou : Je vous l’ai dit, vous dites n’importe quoi. Vous surveillez une base de l’EI ?
Chef : Non, accordez-nous plus de crédit qu’aux autres. Cette base a été créée pour recruter des personnes en Iran et transférer des terroristes en Irak et en Syrie. Dès que nous le voulons, nous pouvons les envoyer d’Istanbul directement en Enfer. Mais pourquoi faire cela ? Quiconque ici veut couper des têtes est envoyé en Turquie, et de là injecté aux dunes d’Irak et de Syrie, où Qassem Soleimani les attend. […]
Ne me dites pas que le Mossad n’a pas de base en Turquie. N’est-il pas vrai que votre frère voulait assassiner un autre de nos scientifiques pour mettre fin aux négociations ? Et qu’il [voulait] ne laisser aucune trace, pour pouvoir nier et pour qu’Obama accepte son déni ? Vous vous taisez. Je ne dis pas n’importe quoi. Benjamin vous a envoyé seul parce qu’il ne voulait pas que le Mossad soit dans le secret. Et maintenant, personne ne vous sauvera. Bientôt, il vous déclarera martyr et se servira de vous comme tremplin pour son avancement, comme il l’a fait il y a 40 ans avec votre [frère] Yonatan. […]
Narrateur (voix du Chef) : Lors de son interrogatoire, Yohan Netanyahou a révélé les noms de 65 espions du Mossad et de la Sayeret Matkal. […] Pensant que Yohan était mort, le Mossad n’a ni prévenu ni donné l’ordre à aucun de ses espions de s’échapper. Ces 65 [espions] ont occupé des postes sensibles dans des organisations militaires, sécuritaires et politiques en Iran, en Irak, au Pakistan, en Afghanistan, au Tadjikistan, en Turquie, en Grèce et au Liban. Nombre d’entre eux étaient même devenus ministres. Quarante-sept d’entre eux étaient encore en vie et actifs. Le ministère iranien des Renseignements a communiqué les noms de tous les espions du Mossad aux agences de renseignements des pays amis. […]
Quarante jours après l’arrestation de Yohan, 27 personnes ont été arrêtées dans sept pays. Trois [espions] se sont suicidés avant leur arrestation, dix ont réussi à s’échapper et deux ont été tués dans leur tentative de fuite. Cependant, cinq [des espions] n’ont jamais été arrêtés. Ces cinq individus occupent toujours des postes politiques et militaires importants dans leurs pays. […]
Ces cinq individus pensent toujours travailler pour le Mossad, mais les renseignements auxquels ils ont accès sont sans valeur ou trompeurs. Yohan Netanyahou se trouve toujours en prison où il rédige ses mémoires.
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