L’avocat jordanien Mohammed Al-Subaihi a publié un article sur le site web d’Ammonnews le 28 juin 2017, suggérant de nommer une femme au poste de Premier ministre en Jordanie et dans les pays du monde arabe en général. La société arabe, écrit-il, rejette cette idée pour des motifs chauvins, redoutant qu’une femme ne réussisse là où de nombreux hommes ont échoué. Extraits :
Les hommes se battent entre eux pour le poste de Premier ministre jordanien sans rien apporter de nouveau, ni de résultats positifs, chacun étant la réplique exacte [du premier ministre précédent], au point que le citoyen jordanien a cessé de prêter attention aux nouvelles nominations. Tout nouveau Premier ministre nomme quelques femmes ministres, conformément au dernier lifting gouvernemental, pour montrer la présence de la femme jordanienne à tous les échelons supérieurs. Pourtant, aucun Premier ministre n’ose choisir une dame de fer comme Tujan Faisal [1] au poste de ministre de l’Intérieur ou une autre femme exceptionnelle au poste de ministre des Affaires étrangères… Dans presque tous les cas, les Premiers ministres choisissent des femmes ministres dénuées d’expérience ou de capacités de management et [ne connaissant pas bien] la société jordanienne…
Mme Rima Khalaf a occupé le troisième poste [le plus important à l’ONU] après celui de Secrétaire général de l’ONU [2], a fait preuve, pendant plusieurs années, d’un talent inégalé [et a gagné] confiance et respect sur la scène internationale. Elle connaît extrêmement bien l’économie et la société jordanienne et possède d’uniques qualités de leader. Alors, pourquoi ne serait-elle pas la première femme jordanienne arabe à occuper le poste de Premier ministre ?
Margaret Thatcher a dirigé la Grande-Bretagne à une période difficile et compliquée ; la chancelière allemande Angela Merkel est considérée comme la dirigeante européenne la plus puissante d’aujourd’hui. Avant elles, Indira Gandhi a gouverné l’Inde, et j’ose mentionner Golda Meir en Israël, et ce qu’elle a fait pendant une période délicate du développement de l’entité sioniste.
Notre société pense que le fait de permettre à une femme de conduire une voiture, c’est aller trop loin, alors que les hommes poussent les sociétés arabes à leur ruine, et jouent encore aux héros quand on en vient aux femmes. Ce n’est pas parce que c’est une femme que nous ne voulons pas d’une telle comme Premier ministre, mais parce que nous redoutons qu’elle réussisse là où tous les Premiers ministres « experts » ont échoué ; en effet, tout succès obtenu par une femme Premier ministre, dans quelque domaine que ce soit, rappellera l’échec du précédent Premier ministre, ou de celui d’avant, dans le même secteur.
Je n’écris pas ces lignes pour soutenir la distinguée Rima Khalaf, mais pour promouvoir l’idée même [d’une femme Premier ministre] et demander que l’élite politique manifeste du courage à l’égard de cette requête et accepte qu’une femme dirige le gouvernement. Si elle réussit, nous en bénéficierons tous ; si elle échoue, son échec ne sera pas pire que ceux alignés par ses prédecesseurs masculins… [3]
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Tujan Faisal est une politicienne jordanienne d’origine circassienne ; en 1993, elle fut la première femme élue au parlement jordanien.
[2] Rima Khalaf est une politicienne et diplomate jordanienne ayant occupé une série de postes en Jordanie et à l’ONU, dont ministre et vice-Premier ministre et assistante du Secrétaire général de l’ONU. En mars 2017, elle a démissionné de son poste de Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale des Nations unies (CESAO), affirmant avoir subi des pressions pour classer un rapport accusant Israël de politique de discrimination raciale.
[3] Ammonnews.net, 28 juin 2017.