Ces derniers temps, des signes d’une érosion du soutien saoudien à l’opposition syrienne se multiplient. Parmi les exemples, citons le soutien de l’Arabie saoudite aux accords de désescalade signés en 2017 sous le patronage du principal allié du régime syrien, la Russie. En novembre 2017 également, les Saoudiens ont accueilli un important sommet de l’opposition syrienne à Riyad, lors duquel il a été décidé que le groupe d’opposition proche du Caire, qui n’exige pas la démission du président syrien Bachar Al-Assad, et le groupe proche de Moscou, considéré comme se conformant à ligne russe, seraient inclus dans le cadre du Haut-Comité des négociations (HCN), organe considéré comme représentant l’ensemble de l’opposition syrienne dans les négociations politiques.
Il convient d’observer qu’en amont de ce sommet de l’opposition, Ahmed Al-Jamia, dans son éditorial dans le quotidien de l’establishment saoudien Al-Riyadh, a appelé les différents groupes de l’opposition syrienne à s’unir et à accepter que la Russie dirige les tentatives de parvenir à une solution à la crise syrienne, et qu’Assad reste au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat, en 2021. Il écrit que l’opposition « ne survivra pas comme entité, si elle n’accepte pas la réalité, ne serait-ce que temporairement ».[1]
L’érosion des positions saoudiennes se refléterait peut-être aussi dans une caricature publiée le 11 février 2018 dans le quotidien saoudien Al-Riyadh, exprimant des critiques à la fois contre le régime syrien et contre l’Armée syrienne libre (ASL), dépeints comme s’échangeant des tirs, qui touchent les civils. Les partisans de l’opposition syrienne ont fulminé sur les réseaux sociaux suite à cette assimilation entre l’ASL et le régime syrien. De son côté, Michel Kilo, membre de l’opposition syrienne, a écrit un article publié le 10 février 2018 dans le quotidien basé à Londres Al-Arabi Al-Jadid, dans lequel il a également accusé l’opposition syrienne d’avoir bombardé des civils innocents à Damas, écrivant que cela était contraire aux intérêts de la révolution et du peuple syrien.
L’article et la caricature ont tous deux été publiés dans le contexte des nombreuses informations faisant état d’une activité accrue du régime syrien autour de la Ghouta orientale, qui fait pourtant partie des régions incluses dans l’accord de désescalade, signé à Astana en septembre 2017. Des éléments de l’opposition ont même accusé le régime syrien d’employer des armes chimiques contre les habitants de la Ghouta. En outre, des informations publiées dans les médias ont fait état d’un bombardement de Damas par l’opposition syrienne, d’un lourd bilan de civils tués ou blessés suite à l’escalade des combats des deux côtés.
Les factions de l’ASL actives dans la Ghouta orientale ont nié toute responsabilité dans le bombardement de Damas et accusé le régime syrien d’avoir délibérément tiré en direction de la ville pour ensuite accuser l’ASL et la dépeindre comme une organisation terroriste qui porte atteinte aux civils.
Lire le rapport dans son intégralité en anglais
[1] Al-Riyadh (Arabie saoudite), 18 octobre 2017.