Dans un article paru le 9 juillet 2017 dans le quotidien d’Oman Al-Watan, le journaliste Faiz Rashid, Palestinien d’origine jordanienne, a repris à son compte et adapté l’accusation médiévale de crime rituel selon laquelle les Juifs assassinaient des enfants chrétiens pour utiliser leur sang dans la préparation de pain azyme, ainsi que l’accusation de crime rituel de Damas de 1840.

Citant de nombreux écrits antisémites diffamatoires rédigés au fil des ans dans le monde arabe, Rashid a présenté des descriptions détaillées de l’utilisation par les Juifs du sang dans le cadre de leurs rituels. Il a ajouté que, si les savants juifs de l’époque médiévale appelaient au meurtre des non-Juifs, les religieux juifs actuels incitaient les soldats israéliens à assassiner des Palestiniens. Rashid a qualifié Israël d’ « entité fasciste » et écarté toute possibilité de paix avec elle.

Il convient d’observer que Rashid avait publié une version presque identique de cet article en avril 2017, également dans le quotidien d’Oman Al-Watan, ainsi que sur différents sites Internet.[1] Extraits :[2]

Faiz Rashid (Photo : Al-Quds Al-Arabi, Londres)

Le mouvement sioniste et ses représentants politiques dans l’Etat de l’entité [sioniste] se sont efforcés, et continuent de s’évertuer à cacher des informations considérables concernant un changement important introduit par les érudits juifs à la Bible durant le Moyen-Age… conformément à leurs caprices et à leurs intérêts, pour asseoir leur contrôle sur les Juifs pauvres dans les pays où ils vivaient, [afin que ces Juifs] respectent leurs instructions et ne se mêlent pas aux sociétés dans lesquelles ils vivaient. L’une de ces [instructions] concernait la [question des] sacrifices humains perpétrés par les Juifs.

La question, en bref, est qu’au Moyen-Age (époque des sorcières), selon la nouvelle loi juive déformée que les érudits juifs de l’époque avaient inventée avec diligence, la préparation des matsot pour les fêtes juives exigeait [que les Juifs] les mélangent avec du sang humain ! Ceci, selon le livre L’Antisémitisme : son histoire et ses causes de Bernard Lazare.[3] Oui, du sang humain qu’ils prélevaient d’un chrétien ou d’un musulman, même s’ils devaient le tuer avec violence à cette fin. Oui, il s’agit de sacrifices humains !

Conformément aux principes [de leur religion], il était habituel pour les Juifs… d’assassiner des enfants, de prendre leur sang et de le mélanger… dans les matsot qu’ils préparaient. Les sacrifices pour la fête de Pourim, par exemple, étaient choisis parmi les jeunes. La méthode pour tuer et recueillir le sang était la suivante : le sang des victimes était pris et séché dans des granules, mélangés à la pâte des matsot, et ce qui restait était conservé pour la fête suivante. Les victimes de la fête juive de Pâque sont généralement [choisies] parmi des enfants de moins de dix ans. Le sang de la victime est mélangé au sang dans la matsa, avant ou après avoir été séché (voir le livre écrit par l’autorité religieuse syrienne sage et érudite Mustafa Al-Zarqa, l-Kanz Al-Marsoud fi Qawaid Al-Talmud [Le trésor caché dans les Principes du Talmud]).[4] Ensuite, le sang est retiré de la victime, soit par un « conteneur à aiguilles », un réceptacle contenant tout [le sang] de la victime, équipé d’aiguilles de chaque côté, plantées dans le corps de la victime (après l’assassinat) afin que le sang s’écoule dans un réceptacle spécialement préparé à cette fin par les Juifs, avides de le recueillir… [Autrement], la victime est égorgée comme on égorge un mouton, et son sang est distillé dans un réceptacle, ou bien ses artères sont tranchées à différents endroits pour que le sang s’écoule.

Quant à ce qu’il advient du sang – il est transmis au savant juif pour qu’il le mélange avec la matsa, et ce qui reste est séché et conservé pour les fêtes suivantes (voir – titres originaux en arabe – le livre  Les Juifs et les sacrifices humains de Mohammad Fawzi Hamza, le livre La fin des juifs d’Abou Al-Fada Mohammed Aref, et le livre La question juive parmi les nations arabes et étrangères d’Abdallah Hussein).[5] Evidemment, tout ceci [s’est déroulé] dans le passé. Par conséquent, le mouvement sioniste a tenté de cacher [l’existence de] ces principes et leur application… Pour assurer que ce que j’ai écrit ici ne reste pas dans le domaine de l’abstrait, je présente l’événement suivant. Le protocole est rapporté et archivé aux tribunaux de la charia d’Alep, de Hama et de Damas, et [l’incident] s’est produit en 1840.[6] L’orientaliste français Charles Laurent en a obtenu un exemplaire et il l’a publié dans un livre français, qui a été par la suite traduit en arabe par le Dr Yousuf  Nasrallah et publié au Caire en 1898.

[Le moine français] Père Thomas vivait à Damas et pratiquait la médecine. Au cours de l’un de ses voyages, il a vacciné des enfants contre la variole. Une fois, il s’est rendu dans un quartier juif… afin de vacciner les enfants, et y a disparu. Sur l’ordre du gouverneur ottoman, une recherche a été menée dans le quartier juif, mais rien n’a été trouvé. A la même époque, deux Grecs sont arrivés à la cour du souverain ottoman à Damas et ont confirmé à la police qu’en traversant le quartier juif, le jour de la disparition du prêtre, ils avaient vu un coiffeur juif du nom de Moshe Bechor Yehuda assassiner le père Thomas, puis distiller son sang et l’utiliser pour fabriquer des matsot. Le coiffeur a été arrêté tout comme le religieux [juif]. Les dirigeants des Juifs ont publié [une demande] de pardon et les deux ont été libérés.

Il y a moins d’un an, le 24 août 2016, plusieurs rabbins de l’entité sioniste ont publié une décision religieuse incitant les soldats sionistes à assassiner des Palestiniens : « Tuez-les, liquidez-les sans pitié pour le bien de la sécurité d’Israël. »  Il y a environ dix ans, ces rabbins ont créé un mouvement appelé « le Nouveau Sanhédrin » – la nouvelle réunion des érudits. Ce gang a été fondé par le rabbin Adin Steinsaltz, récipiendaire du Prix d’Israël et du prix du Président, considérés comme les prix les plus prestigieux de l’Etat de l’entité [sioniste].[7]

Quant à ceux qui se bercent de l’illusion qu’il serait possible de parvenir à la paix avec cette entité fasciste, je leur dis : Ne connaissez-vous pas l’idéologie violente infligée quotidiennement par l’entité [sioniste] au peuple palestinien et à notre nation ? N’avez-vous rien lu au sujet des sacrifices humains organisés par les érudits juifs ? Il existe de nombreux articles, études et livres arabes et étrangers concernant les différents aspects des phénomènes israéliens de violence criminelle et d’assassinats sionistes. Les plus importants sont – titres originaux en arabe – The Israeli War Crimes [Les crimes de guerre israéliens] de William Bradford [sic] ; Les origines terroristes du parti israélien Herout, de Bassam Abu Ghazala [8]; Sionisme et violence – Philosophie et Stratégie, de Hussein Tantawi [9], et La culture de la violence dans la politique de la sociologie sioniste, écrit par Imad Abdul-Ghani en 2001.[10] L’un des meilleurs ayant également écrit sur ce sujet est Noam Chomsky, et il y a aussi le livre Sionisme et violence : des débuts de l’implantation à l’Intifada Al-Aqsa – titre original en arabe – [publié] par Abdel Wahab El-Messiri quelques années avant son décès [en 2008]. [11]

Lien vers le rapport en anglais

Notes :

[1] Voir Al-Khaleej (UAE), 25 avril 2017; le site Internet du Front populaire de Libération de la Palestine (pflp.ps), 26 avril 2017 ; et le bulletin du Hamas (felesteen.ps), 10 juillet 2017.

[2] Al-Watan (Oman), 9 juillet 2017. Il convient d’observer qu’en 2012, il avait publié un article alléguant que la Shoah avait été exagérée afin de justifier l’usurpation de la Palestine.

[3] Bernard Lazare (1865-1903) était un philosophe, historien et publiciste français juif, journaliste de profession aux opinions anarchistes. Il est connu principalement pour son livre L’antisémitisme : son histoire et ses causes, qui examine l’histoire des relations entre les Juifs et les Gentils. A la fin de son livre, Lazare prévoit que l’assimilation des Juifs et le processus de désillusion de la religion dans la société moderne mettraient fin à l’antisémitisme. Toutefois, les antisémites ont trouvé dans son livre une « preuve » que les Juifs sont les responsables de la haine des Gentils à leur égard, et continuent de le citer jusqu’à aujourd’hui, en général hors de son contexte.

[4] Le trésor caché dans les principes du Talmud (1899) est une compilation de deux livres antisémites français traduits en arabe par le copte égyptien Dr Yousuf Nasrallah. En 1968, une nouvelle édition du livre a été publiée, incluant une introduction de l’érudit et décisionnaire syrien cheikh Mustafa Al-Zarqa, qui enseignait dans les facultés de la charia en Syrie, Jordanie et dans les pays du Golfe. Il a travaillé au ministère koweïtien des Waqfs, était membre du parlement syrien et a écrit de nombreux ouvrages de droit religieux.

[5] Les trois livres mentionnés ont été publiés en Égypte.

[6] Référence à l’affaire de Damas en 1840 : après la disparition d’un moine chrétien et de son serviteur musulman, des rumeurs se sont répandues selon lesquelles deux figures de la communauté juive de Damas avaient assassiné les deux hommes afin d’utiliser leur sang pour cuire des matsot. Après une enquête, plusieurs suspects ont été arrêtés, et ont été relâchés grâce à l’intervention de personnalités juives et de politiciens occidentaux.

[7] Le Nouveau Sanhédrin est une instance de jurisprudence fondée en 2005 à Tibériade par un groupe de rabbins de droite ; son autorité n’est pas reconnue par l’establishment juridique ou rabbinique israélien.

[8] Ce livre a été publié à Beyrouth en 1966 par le Centre de recherche de l’OLP.

[9] Ce livre a été publié au Caire en 1964. Mohamed Hussein Tantawi est un maréchal de l’armée égyptienne, qui fut ministre de la Défense et président du Conseil suprême des Forces armées, qui dirigeait l’Égypte entre février 2011 et juin 2012.

[10] Ce livre a été publié à Beyrouth en 2001. Son auteur, le Libanais Imad Abdul-Ghani, est un ancien maître de conférences et doyen de l’institut des Sciences sociales à l’université libanaise de Beyrouth.

[11] Sionisme et violence : des débuts de l’implantation à l’Intifada Al-Aqsa – titre original en arabe – a été publié au Caire en 2001. L’auteur, l’intellectuel égyptien Abdel Wahab El-Messiri, était considéré comme un expert international du mouvement sioniste et a écrit l’encyclopédie Les Juifs, le judaïsme et le sionisme – titre original en arabe – publiée en Egypte en 1999.

 

 

 

 

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