Elie Mahfoud, dirigeant du Mouvement libanais pour le changement démocratique, a déclaré, dans une interview diffusée le 25 août 2019 sur Al-Arabiya TV (Arabie saoudite) que tous, au Liban, voulaient savoir qui dirigeait le pays. Mahfoud a déclaré que l’anarchie actuelle conférait au Secrétaire-Général du Hezbollah Hassan Nasrallah le pouvoir de décider si la guerre devait ou non se poursuivre. Il a déclaré que l’armée du Liban était parfaitement capable de défendre le Liban et ses frontières.
Mahfoud a assuré que si le gouvernement libanais ne prenait aucune mesure, la situation au Liban allait se détériorer, soulignant que le Liban avait souffert de pertes plus importantes qu’Israël, en dépit de la célébration par le Hezbollah d’une prétendue victoire à l’issue de la guerre de 2006.
Les remarques de Mahfoud ont été émises après le récent discours de Nasrallah affirmant que le Hezbollah affronterait les drones israéliens traversant l’espace aérien libanais. (voir MEMRI TV Clip No. 7439). Extraits :
Elie Mahfoud : Aujourd’hui, je voudrais aborder le sujet du rôle des autorités libanaises – le rôle de l’Etat, le rôle du gouvernement. Je voudrais poser la question que tous les Libanais se posent aujourd’hui, après avoir entendu Hassan Nasrallah : qui dirige le Liban ? C’est la question de base que je voudrais poser. Peut-on croire que moi, comme chaque citoyen libanais, comme les chefs d’Etat, ministres, députés et les différents dirigeants du Liban, attendons tous de savoir si Hassan Nasrallah déclarera la guerre ou non ? Nous devons revenir au point de départ et demander : qui détient le pouvoir au Liban ? Qui prend les décisions au Liban ? Qui, au Liban, a le droit de déclarer la guerre ou la paix ? C’est le cœur du problème, et non l’identité du drone. […]
Les choses ne peuvent pas continuer ainsi. Le Hezbollah ne peut pas détenir la totalité du pouvoir gouvernemental au Liban et décider pour nous de ce que nous devons faire. En tant qu’un des quatre millions de citoyens libanais… [Nous devons constamment] vérifier notre pouls par crainte que la guerre ne soit [soudainement] déclarée. Qui déclarera la guerre ? Qu’est-ce qui confère le pouvoir à cet homme qui a dit ce qu’il a dit au peuple libanais ?
Je voudrais dire que je ne fais pas porter la responsabilité au Hezbollah ou à aucune autre faction. Le Hezbollah a son propre ordre du jour et ses objectifs. Il obéit à des ordres iraniens clairs, et il est l’une des milices aux ordres de l’Iran dans la région. Aujourd’hui, Hassan Nasrallah a parlé des UMP [irakiennes] et de ce qui se passe au-delà des frontières du Liban, et ce n’est pas la première fois. Je n’ai rien à voir avec ce qui se passe en Irak. En tant que citoyen libanais, je me préoccupe de nos propres 10 465 kilomètres carrés. J’ai une armée libanaise qui peut défendre le Liban, défendre les frontières, assurer la sécurité et protéger le Liban contre toute agression israélienne.
Intervieweur : Si elle en a l’opportunité…
Elie Mahfoud : Si le gouvernement libanais dans sa totalité ne prend pas cette initiative aujourd’hui – immédiatement et aussi vite que possible, les choses deviendront incontrôlables et nous déclinerons vers une situation pire que celle connue pendant les années de l’agression israélienne passée. Hassan Nasrallah ne sera plus en mesure de dire : « Si seulement j’avais su [le coût de la guerre] ». Même lors de la guerre de juillet 2006, que le [Hezbollah] célèbre comme une victoire… Vous avez montré des chiffres concernant les dommages subis par le Liban : 1,4 milliard de dollars. Ma question est : quel genre de pertes l’ennemi israélien a-t-ils subies dans cette guerre ? [Vous avez dit] qu’il n’a pas gagné la guerre, mais qu’a-t-il perdu ? C’est la question que je pose.
Nos enfants émigrent, nos habitations sont détruites, nos hôpitaux se désagrègent, l’environnement est démoli… Tout tombe en ruines au Liban. Pourquoi ? Pour qui ? Allons-nous faire la guerre pour Bashar Al-Assad, ou au nom du Gouvernement du Docte iranien ? Nous, Libanais, devons défendre ce pays avec nos capacités, conformément au droit libanais et aux moyens de notre armée libanaise. Si ce n’est pas le cas, ils devraient nous dire de cesser de payer ces impôts qui assurent les salaires de toutes les institutions publiques et de transférer le pouvoir au Hezbollah et à Hassan Nasrallah, qui dirigera au nom d’Allah. Nous devons au moins le savoir. Mais les choses ne peuvent pas rester hors de contrôle. […]
Cette affaire est devenue une plaisanterie, une triste plaisanterie. Il existe des exemples innombrables de ce que je dis. La République islamique d’Iran a créé ce qui est désigné comme la « Force Qods ». Depuis la création de la Force Qods – ou brigade, armée, milice, peu importe, je n’ai pas entendu parler d’une seule opération militaire qu’ils aient menée contre l’ennemi israélien. Alors que devons-nous dire ? Comment servons-nous la cause palestinienne ? Nous exploitons le problème et nous servons de la cause palestinienne, mais nous isolons de plus en plus les Palestiniens, et nous nous apprêtons à quitter le champ de bataille et à donner de nombreux prétextes et excuses à l’ennemi israélien pour semer le chaos et la destruction, non seulement au Liban, mais dans toute la région.