Suite au lancement par les forces houthies yéménites d’un missile balistique sur Riyad, le 4 novembre 2017, et dans le contexte de tensions régionales et de la crainte d’une escalade du conflit saoudo-iranien, [1] Abbas Al-Tarabili, historien et ancien rédacteur en chef du quotidien égyptien Al-Wafd, a publié un article dans le quotidien égyptien Al-Masri Al-Yawm intitulé : « Les missiles des Houthis menacent le canal de Suez ». Dans cet article, il exprime la crainte que l’Arabie saoudite ne soit pas le seul pays à portée des missiles houthis en provenance du Yémen et que ces derniers puissent également atteindre le canal de Suez. Des missiles lancés sur le canal, affirme-t-il, nuiraient à l’économie égyptienne, paralyseraient le trafic maritime dans la région et serviraient l’objectif de l’Iran d’achever son expansion militaire au Moyen-Orient. Il appelle les Egyptiens à se préparer à un conflit avec les Houthis, qui obéissent aux instructions de l’Iran, afin de défendre leur pays et le canal. Extraits : [2]
« Les missiles houthis menacent le canal de Suez » – Ce titre risque de choquer et certains le jugeront irréaliste, mais je maintiens que c’est la vérité et que nous devons prendre [la situation] au sérieux et nous y pencher à compter de ce moment.
Nous entendons à présent des déclarations de sources iraniennes selon lesquelles l’Iran arme ses alliés, les Houthis, tant avec des missiles balistiques – dont l’un a été tiré sur Riyad, profondément à l’intérieur de l’Arabie saoudite – qu’avec des missiles nommés « Bab Al-Mandab », que l’Iran a livrés aux Houthis, et qui sont situés dans le port d’Al-Hudaida [au Yémen] et ses alentours.
De même, les déclarations qui ont accompagné [ces événements] visaient à nous faire savoir que le canal de Suez n’est pas très éloigné [du champ de portée] de ces missiles, et que cela ne signifie pas nécessairement que les missiles puissent atteindre le canal lui-même, de l’endroit d’où ils sont tirés – mais qu’ils pourraient être tirés sur des bateaux en direction du sud de la mer Rouge, près de Bab Al-Mandab – non loin des missiles situés dans la région d’Al-Hudaida contrôlée par les Houthis. [Cela ne signifie pas non plus qu’ils ne peuvent] être tirés sur des bateaux sortant du canal vers la mer Rouge en direction de l’Océan indien.
Ce que cela signifie, ‘est que ces missiles menacent, ou menaceront à l’avenir, les couloirs de navigation internationaux utilisant le canal, passage essentiel du commerce international. Ce sont des missiles [sol-]mer qui permettent de contrôler le commerce international transitant par le canal. Cela signifie [également] que l’Iran vise à s’étendre militairement par le biais de sa présence [au Yémen] et de son alliance avec les Houthis, et de leur allié, [l’ancien président yéménite] Ali Abdallah Saleh. A savoir, l’objectif de ce jeu de missiles à Bab Al-Mandab est d’infliger un dommage financier et économique à l’Égypte. Cela est conforme à l’objectif [iranien] de nuire au tourisme ! [afin] d’affaiblir l’Égypte économiquement, pour lui nuire et la briser plus facilement.
Imaginez qu’un cargo ou un pétrolier soit frappé par l’un de ces missiles, le passage par le canal de Suez sera interrompu !…
Le danger se profile, et ne concerne pas seulement la partie sud-ouest de la Péninsule arabe au Yémen. Certains pourront dire que l’annonce de la présence de missiles [sol-]mer à Bab Al-Mandab vise à inciter l’Égypte à déployer ses forces dans une guerre au Yémen, même l’annonce par celle-ci qu’elle ne déploierait pas de forces au-delà de ses frontières. Mais la situation ici est totalement différente, car le danger est bien réel. Que fera l’Égypte ? Restera-t-elle silencieuse face au danger présent et futur ?
Ici aussi, nous ne devons pas perdre de vue le rêve de Téhéran de parachever son plan visant de conquête de l’Irak, alors que ses doigts sont déjà en Syrie et ses pieds au Liban. A savoir, il cherche à détruire la patrie arabe, maillon après maillon. L’Égypte est simplement la cible la plus importante que l’Iran aspire [à contrôler], afin de faire revivre l’ancien Empire perse… Saisissez-vous l’ampleur du désastre [si cela se produisait] ?
Afin de défendre son existence et son économie, l’Égypte doit-elle déployer son armée à l’entrée sud de la mer Rouge, à Bab Al-Mandab ? Si elle le fait, elle devra entrer dans le bourbier yéménite… et affronter, aux côtés de sa sœur, l’Arabie saoudite, le terrorisme iranien au Yémen. Quelqu’un planifie-t-il et agit-il en vue d’attirer l’Égypte dans le bourbier yéménite, afin d’enflammer toute la région et de réjouir ainsi les marchands d’armes et de la réhabilitation ? L’Égypte tombera-t-elle dans ce piège ?
Tel est le destin de l’Égypte depuis des siècles. Elle ne peut négliger son vrai rôle de dirigeant pour défendre toute la région, et pas seulement elle-même… Elle doit affronter le terrorisme iranien qui utilise à présent ces Houthis. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ne sont pas les seuls en danger, la terre d’Égypte l’est aussi. C’est le sort de l’Égypte et son rôle de pionnier, et elle ne peut y échapper. Aussi, nous défendrons le canal [de Suez].
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Voir MEMRI en français, Escalade du conflit irano-saoudien : la une du quotidien Kayhan du 6 novembre menace de guerre l’Arabie saoudite et les EAU, 14 novembre 2017; Articles anti-iraniens dans la presse saoudienne : les voies diplomatiques ont échoué ; à présent les tambours de la guerre retentissent avec fracas, 12 novembre 2017.
[2] Al-Masri Al-Yawm (Égypte), 12 novembre 2017.