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L’ancien candidat à la présidentielle égyptienne Abdel Moneim Aboul Fotouh, fondateur du Parti pour une Egypte forte, a appelé à l’annulation des prochaines élections présidentielles dans son pays, affirmant que toute personne qui fait un don à des partis d’opposition est arrêtée pour terrorisme ou blanchiment d’argent. Dans une interview pré-enregistrée sur la BBC en arabe, diffusée le 15 février 2018, Fotouh a fustigé le président Al-Sissi, affirmant que « lorsque des élections se dérouleront selon les normes [démocratiques], elles donneront le pouvoir à un président fort, qui ne sera pas enclin à l’extorsion, et qui ne succombera pas à la pression. Ce ne sera pas un processus concocté, fabriqué et pathétique pour obtenir un président ». Le 14 février, après avoir accordé plusieurs interviews à des médias étrangers, Aboul Fotouh a été arrêté et accusé de terrorisme. Extraits : 

Journaliste : Pourquoi avez-vous appelé à annuler les élections et pas simplement à les boycotter ?

Abdel Moneim Aboul Fotou : J’ai effectivement appelé à un boycott, s’ils poursuivaient les élections. Ce que nos concitoyens en Egypte – y compris les membres du gouvernement – doivent savoir, est que lorsque nous tiendrons de vraies élections démocratiques, selon les normes démocratiques, que les pays africains prennent en compte et respectent aujourd’hui… Je ne nous compare pas à l’Allemagne ou à l’Amérique. Nous sommes des Africains. Lorsque des élections seront tenues selon ces normes, elles permettront d’élire un président fort, qui ne sera pas enclin à l’extorsion, et qui ne succombera pas à la pression, car il bénéficiera du soutien de son peuple. Il ne s’agira pas d’un processus concocté, fabriqué et pathétique pour obtenir un président. La popularité de tout régime ou politicien se mesure par les urnes. Toutes les discussions sur le pouvoir délégué par les masses, et sur les 33 millions de personnes de la révolution du 30 juin… Ne vous moquez pas de nous. Le soutien de tout régime politique, chef d’Etat ou membre du parlement ne peut se mesurer que par des élections équitables. Et non dans n’importe quelles élections. Moubarak bourrait les urnes de bulletins de vote falsifiés. […] Même si [Al-Sissi] rassemblait deux millions de signatures, elles seraient insignifiantes aux yeux de la loi et de la constitution. Sa popularité et le soutien populaire doivent transparaître dans des élections [menées] suivant de vrais critères démocratiques. […]

Certains se plaignent du fait que j’apparais sur des chaînes télévisées non égyptiennes, comme Al-Jazira ou la BBC, que je respecte énormément. C’est parce que je suis privé d’antenne sur toutes les chaînes télévisées égyptiennes, officielles ou privées. Je ne suis même pas autorisé à participer à une émission médicale à la télévision égyptienne, sans parler d’une émission politique. […]

Quiconque mène une campagne électorale, comme je l’ai fait dans le passé, a besoin d’argent. D’où cet argent est-il censé provenir ? De donateurs. Les petits chefs d’entreprises, qui donnaient 5 000 à 10 000 livres égyptiennes aux partis politiques, ne donnent pas une seule livre aujourd’hui. Si les services de sécurité découvrent que quelqu’un a donné ne serait-ce qu’une livre à un parti d’opposition, ils l’arrêtent pour terrorisme ou blanchiment d’argent, et ils lui interdisent de voyager. Cela est déjà arrivé. Ce ne sont pas que des paroles. Cela est arrivé à des gens qui n’ont aucun lien avec des organisations religieuses, qui ne sont pas membres des Frères musulmans et qui n’ont rien à voir avec la politique.

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