Lors d’une interview diffusée sur la Première chaîne iranienne le 3 novembre 2018, le commandant adjoint du CGRI, Hossein Salami, a déclaré que l’Amérique n’a atteint aucun de ses objectifs politiques au Moyen-Orient et que sa stratégie est confuse. Il a affirmé qu’il n’existe aucune preuve étayant les affirmations du président Trump, selon lesquelles la politique étrangère de son pays a eu une incidence sur le comportement de l’Iran dans la région. Selon lui, c’est l’Iran – et non les États-Unis – qui a réussi à influer sur les développements politiques, stratégiques, religieux et culturels qui lui ont été bénéfiques en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen. 

Selon Salami, les capacités de représailles militaires iraniennes équivalent à celles des États-Unis, et l’Iran peut rapidement menacer leurs intérêts vitaux et mettre fin à leur contrôle du Moyen-Orient. Et d’ajouter que les États-Unis ne jouissent pas de l’unité politique ni de la capacité économique nécessaires pour mener une guerre contre l’Iran, qui, selon lui, dépasserait la région. Salami a ajouté que les porte-avions américains dans le golfe Persique sont à la portée des missiles balistiques iraniens, et a demandé : « Peuvent-ils résister à un tel armement ? » Extraits :[1]

Hossein Salami : L’Amérique à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui n’a atteint aucun de ses objectifs politiques dans la région. L’Amérique fait face à une confusion stratégique et à une absence de stratégie régionale, y compris vis-à-vis de l’Iran.

Journaliste : Mais ils prétendent le contraire. M. Trump a répété à maintes reprises que depuis son accession au pouvoir, le comportement de l’Iran dans la région a changé. Sur quoi se base-t-il ?

Hossein Salami : Il doit prouver cette affirmation et montrer en quoi notre comportement dans la région a changé. A-t-il réussi à faire pencher la balance des développements politiques en Irak en faveur de la politique américaine ? Ou est-ce la révolution islamique qui est le porte-drapeau des récents développements politiques en Irak ? A-t-il réussi à influer sur les élections au Liban, ou est-ce la révolution islamique qui a modifié les élections au Liban en faveur du mouvement de résistance ? A-t-il réussi à amener de nouveaux développements sur le terrain en Syrie, pour obtenir de nouveaux avantages politiques ? A-t-il réussi à faire évoluer la guerre saoudienne injuste contre le Yémen dans l’intérêt de la politique américaine, ou a-t-il dû revenir honteusement sur ses positions et déclarer l’échec de la politique des États-Unis et du clan Saoud dans cette guerre ? Les États-Unis ont-ils réussi à juguler l’influence politique, spirituelle, culturelle et idéologique de la République islamique d’Iran dans la région ? L’Amérique a-t-elle réussi à stopper ou à freiner nos efforts en vue de renforcer notre capacité de défense et de dissuasion ? Selon quels paramètres notre comportement national, régional ou mondial a-t-il changé ? Dans quel pourcentage notre influence a-t-elle diminué ? [Trump] a-t-il réussi à modifier notre comportement politique au moyen de sanctions économiques ? Il a déclaré que les Iraniens finiraient par retourner à la table des négociations. A-t-il réussi à persuader les Iraniens de céder et de [s’engager] dans de nouvelles négociations avec l’Amérique ? A-t-il réussi à nous imposer les sanctions pétrolières ? […]

Aujourd’hui, nous avons la capacité de lancer des représailles efficaces, comparables à celles de l’Amérique. Nous pouvons menacer leurs intérêts vitaux, si les conditions nécessaires se présentaient. Trump lui-même a déclaré que sans lui, l’Iran aurait pris le contrôle du Moyen-Orient en 12 minutes… Évidemment, nous affirmons… Douze minutes, c’est un peu exagéré, mais nous pouvons rapidement mettre fin au contrôle américain du Moyen-Orient. […]

Les Américains ne disposent pas des conditions politiques [nécessaires] pour attaquer n’importe quel pays, et tout particulièrement la République islamique d’Iran, car ils ne peuvent mener d’opération militaire sans une coalition. Sans cela, les conditions politiques et la légitimité nécessaires à l’opération leur feront défaut. […]

L’économie américaine n’est nullement en mesure de supporter une nouvelle guerre. Les Américains ont dépensé sept milliards de dollars [en Irak]… Sept milliards de dollars équivalent aux recettes pétrolières irakiennes d’un siècle. Mais [les Américains] n’ont pas eu le moyen de transformer toutes ces dépenses en avantage politique dans la région. Ils n’ont fait que dépenser de l’argent. Pourquoi voudraient-ils recommencer ? L’économie américaine peut-elle supporter une guerre beaucoup plus vaste et beaucoup plus dévastatrice ? Naturellement, une guerre contre l’Iran s’étendrait même au-delà de la région. […]

L’infrastructure militaire américaine a été érodée. Les Américains ont presque totalement quitté le golfe Persique. Mis à part quelques vieux patrouilleurs, ils n’ont plus rien. […]

Ils ont eux-mêmes annoncé que leurs porte-avions ressemblent à des [bateaux] de stockage de poudre à canon, habités par des milliers de gens. Ces porte-avions sont à la portée de nos missiles balistiques de précision, capables de frapper des cibles mobiles en mer. Peuvent-ils résister à un tel armement ?

Voir les extraits vidéo sur MEMRI TV

[1] Clip #6975

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