Dans son éditorial paru 22 mai 2019 et signé Sadollah Zarei, Kayhan, l’organe de presse du régime iranien, a appelé à la destruction du régime saoudien, le qualifiant de « tumeur cancéreuse ». Kayhan a loué l’attaque de drones menée le 14 mai 2019 par la milice houthiste chiite soutenue par l’Iran Ansar Allah, contre un oléoduc saoudien dans le port de Yanbu. Sans imputer explicitement à l’Iran l’attaque du 12 mai contre des pétroliers, dans le port émirati de Fujairah, l’article explique que son message était de porter atteinte aux Etats-Unis, qui sont selon lui responsables de la sécurité du port et des exportations de pétrole qui en sortent.

L’article souligne que l’Iran a compris, de l’absence de réaction aux attaques contre l’Arabie saoudite et les EAU, que les Etats- Unis n’ont aucune volonté ni capacité de soutenir ces deux pays et que l’Iran peut donc continuer à enjoindre aux houthistes de provoquer une escalade de la situation et d’étendre leurs attaques contre des cibles saoudiennes. 

Kayhan a averti que les houthistes allaient attaquer 300 sites sensibles et installations militaires en Arabie saoudite, au moyen de drones suicide, dans le but de réduire à zéro les exportations de pétrole saoudien, conformément à la promesse d’officiels iraniens (voir MEMRI en français, Comment l’Iran empêchera-t-il l’exportation de pétrole du golfe Persique vers les marchés internationaux ?, 10 mai 2019, et MEMRI Special Dispatch No. 8062, Editors Of Iranian IRGC-Affiliated Newspapers: Iran Is Behind Fujairah And Yanbu Attacks; Possibility Of Additional Attacks In Red Sea, Golan Heights, 14 mai 2019). 

L’organe de presse du régime a mis en garde contre de futures opérations de milices houthistes soutenues par l’Iran, affirmant qu’elles étaient capables de lancer une attaque contre la capitale saoudienne, dans le but de renverser le régime saoudien qui, selon Kayhan, finance la politique militaire américaine visant à prendre le contrôle de la région. Extraits :

… Les Yéménites [les houthistes] ont annoncé une attaque contre des cibles sensibles situées au plus profond de l’Arabie saoudite, [ce qui] constitue un nouvel ordre du jour tout à fait sérieux. Ils affirment publiquement leur intention d’étendre les [attaques qu’ils ont menées] jusqu’alors contre les deux ports saoudiens situés à 800 et 850 kilomètres [respectivement] de la frontière nord du Yémen, et d’attaquer pas moins de 300 cibles militaires et autres en Arabie saoudite.

Dans cette situation, deux points méritent d’être soulignés. Tout d’abord, les drones yéménites – qui volent à basse altitude et peuvent parcourir un long trajet sans être identifiés et sans être à court de carburant sur ce long trajet – rappellent à l’Arabie saoudite que les Yéménites ont atteint une nouvelle capacité et sont effectivement capables de réduire les exportations saoudiennes de pétrole à zéro.

En effet, les drones, capables de transporter des missiles et également de conserver du carburant [pour pouvoir mener à bien leur mission], et capables de viser avec précision deux stations de pompage de pétrole saoudiennes, dans deux ports au nord de la mer Rouge, sont devenus un cauchemar pour les dirigeants américains israéliens et saoudiens. Le ministre des Affaires étrangères des EAU l’a souligné, déclarant que [ces capacités] constituaient une évolution dangereuse dans la guerre au Yémen et plus généralement dans les conflits de la région…

Le second [point] est que les attaques de drones d’Ansar Allah [des houthistes] qui ont frappé [les stations de pompage] de Dawadmi et Qatif [sic, en Arabie saoudite, le 14 mai] pourraient déclencher une guerre contre Riyad, car la distance entre ces deux villes n’est pas plus grande que 230 et 390 kilomètres et les campagnes de drones du Neuf Ramadan [14 mai 2019] peuvent [aussi] viser Riyad dans un proche avenir…

La frappe destructrice contre le port de Fujairah a rappelé aux hauts responsables de cet Etat [les EAU], à l’Amérique – responsable de la défense de ce port – et à son partenaire, les EAU, qui exportent du pétrole via ce port, les grands dangers de la poursuite de la guerre au Yémen…

Les opérations [d’Ansar Allah] au sud du Yémen et contre les districts du sud de l’Arabie saoudite sont considérées comme un développement stratégique. Ces opérations ont montré qu’Ansar Allah a lancé un nouveau cycle d’attaques suite aux opérations défensives destinées à mettre fin aux attaques aériennes et terrestres saoudiennes au nord du Yémen. En outre, ces opérations attestent de l’échec des opérations militaires de la coalition saoudienne au Yémen, et montrent aussi qu’Ansar Allah a le dessus dans cette guerre…

La passivité de l’Amérique et de ses appareils militaires [en réaction] aux opérations [de mai] à Fujairah et au nord-ouest de l’Arabie saoudite témoignent du fait que l’Amérique ne peut pas défendre ces deux pays [l’Arabie saoudite et les EAU] et leur politique, ou qu’elle refuse de continuer à les soutenir en vain. Dans tous les cas, les conditions de poursuite de cette activité se compliqueront pour les EAU et l’Arabie saoudite.

Le moment est venu de réduire à néant la déclaration fantasmatique du [président américain] Donald Trump, selon laquelle : « c’est grâce à notre soutien que l’Arabie saoudite et les EAU se tiennent debout ». Chacun doit savoir que le soutien américain ne peut garantir l’existence des régimes illégitimes et agressifs.

A présent, il est temps que les attaques incessantes [d’Ansar Allah], visant à déraciner le régime saoudien maléfique, se poursuivent. Le plus important est que les ressources financières de la politique militaire et de contrôle de l’Amérique dans la région [l’Arabie saoudite] soient détruites.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement d’une demande iranienne : c’est une exigence qui bénéficie du soutien de toutes les nations de la région et de la plupart de leurs gouvernements, ouvertement ou non.

Les opérations saoudiennes de ces dernières années montrent que [ce pays] est la source qui engendre les terroristes takfiris et la source du financement des terroristes occidentaux. C’est pourquoi l’Arabie saoudite est aujourd’hui [l’entité] la plus haïe dans la région, tant sur le plan religieux que politique, après le régime sioniste.

On en peut réparer l’Arabie saoudite en raison de son idéologie tafkirie et de sa forte dépendance vis-à-vis de l’Amérique. Par conséquent, il faut procéder à une opération chirurgicale dans notre région islamique pour retirer cette tumeur cancéreuse [l’Arabie saoudite].[1]

Lien vers le rapport en anglais

Note :
[1] Kayhan (Iran), 22 mai 2019.

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