Suite à la récente offensive israélienne menée en Syrie contre des agents iraniens qui planifiaient une attaque contre Israël, et à deux autres offensives attribuées à Israël, contre le Hezbollah au Liban et contre Al-Hashd Al-Shabi en Irak, le journaliste saoudien Abdel Rahman Al-Rashed, ancien rédacteur en chef du quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat et actuellement à la tête du conseil éditorial des chaînes saoudiennes Al-Arabiya TV et Al-Hadath TV, [1] a signé un article où il se félicite de ces opérations. Les décrivant comme “un développement politique et militaire important et sans précédent de par son étendue et son audace”, Al-Rashed souligne le fait que ces opérations ont joué un rôle considérable dans le combat contre l’Iran et ses alliés. Il qualifie Israël d’acteur régional majeur participant de l’effort international pour assiéger l’Iran économiquement, financièrement et militairement, et comme capable d’embarrasser l’Iran aussi bien sur la scène internationale qu’intérieure. Il conclut en affirmant qu’il est possible de défaire l’Iran en maintenant la pression. Extraits : [2]

En 24 heures, Israël a attaqué trois pays [en visant] ‘Aqraba, au sud de Damas [en Syrie], la ville irakienne d’Al-Qaim à la frontière syrienne et le sud de Dahia dans la capitale libanaise [de Beyrouth]. Certes, ces étaient attaques étaient limitées à l’utilisation de drones ; elles marquent néanmoins un développement politique et militaire majeur, sans précédent par son étendue et son audace. Alors que des drones israéliens traversent le ciel pour atteindre l’Iran, les satellites américains suivent les navires iraniens, pétroliers compris, entravant leurs mouvements en mer et surveillant les ports où ils posent l’ancre. Et cela s’ajoute à la liste de personnes et de sociétés frappées par les sanctions pour avoir maintenu des liens commerciaux avec l’Iran, liste qui ne cesse de s’allonger.

A ceux qui affirment que l’escalade de [l’action militaire] israélienne est liée aux [prochaines] élections israéliennes et fait partie des efforts du [Premier Ministre] israélien Binyamin Netanyahou pour être réélu, [je dis que] c’est peut-être l’une des motivations des récentes attaques, [mais pas l’unique motivation]. En fait, le maintien d’une présence sur les champs de bataille fait partie de la stratégie régionale israélienne, basée sur des attaques intensives contre l’Iran et ses milices sur le sol syrien et irakien, qui ont commencé il y a plus d’un an. Ces actions ont fait de Tel-Aviv un acteur régional qui n’est plus seulement considéré dans le cadre du conflit israélo-palestinien, mais dans un cadre plus vaste.

Ces actions semblent participer d’une stratégie israélienne générale plutôt que d’une tactique électorale, et elles ont fait d’Israël un acteur central de la formule internationale visant à assiéger l’Iran économiquement, financièrement et militairement, et à le repousser, après que l’Iran eut gagné en puissance en conséquence de l’accord sur le nucléaire qui ne tenait pas compte de ses frasques étrangères. Défiant les menaces de l’Iran, moins de deux jours après qu’un religieux iranien [Kazem Al-Haeri] eut rendu une fatwa appelant les Irakiens à attaquer les [forces] américaines en Irak, [3] des drones israéliens ont mené une nouvelle attaque contre la milice irakienne Hashd Al-Shabi, loyale à l’Iran, en bombardant ses dépôts d’armes à la frontière syrienne. Les Israéliens n’ont pas émis de communiqué vantant leurs attaques héroïques contre Al-Qaim en Irak ou contre Dahia au Liban, mais chacun peut reconnaître leur empreinte.

Ces attaques ne sont pas assez étendues pour détruire l’Iran ou ses milices armées dans la région, mais elles jouent un rôle considérable dans la [lutte] militaire et psychologique contre l’Iran et ses alliés, et elles embarrassent l’Iran face à ses disciples au Moyen-Orient et à l’intérieur de ses frontières. [L’Iran] ne peut pas se venger contre Israël avec la même force sans payer un lourd tribut, en raison de la supériorité [militaire] de l’Etat juif. Face aux informations [relatives aux attaques] entendues par des millions de personnes, les dirigeants iraniens n’ont trouvé aucune manière de dissiper la honte, autrement qu’en ces [informations]. C’est ce que Mohsen Rezai, commandant du Corps des Gardiens de la Révolution [islamique d’Iran, le CGRI], a fait. S’adressant aux Iraniens, il a toute attaque israélienne en Syrie, contredisant le gouvernement syrien lui-même, qui avait officiellement reconnu l’incident, [4] ainsi que le dirigeant du Hezbollah [Hassan Nasrallah], qui s’abstient [en général] d’évoquer les pertes subies par les commandants iraniens, mais qui a reconnu [cette fois que l’attaque avait eu lieu].

Il est possible de défaire l’Iran, si la pression est maintenue avec constance, en visant ses milices armées dans la région, ses ventes de pétrole et ses transactions en dollars… »

Lire le rapport en anglais

[1] Selon le quotidien britannique The Guardian, Al-Rashed est aussi impliqué dans le financement de la chaîne d’information basée saoudienne à Londres Iran International. Thegardian.com, 31 octobre 2018.

[2] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 26 août 2019.

[3] Dans une fatwa rendue le 23 août 2019, après le bombardement des dépôts d’armes d’Al-Hashd Al-Shabi, le religieux irakien Kazem Al-Haeri, qui vit à Qom, en Iran, a affirmé que l’enquête avait révélé que l’attaque avait été menée par Israël avec le soutien américain. Il a appelé les Irakiens à ne pas laisser les forces américaines en Irak, sous aucun prétexte, et a exhorté les forces armées irakiennes à défendre le pays contre toute attaque et à résister à l’ennemi. Alhaeri.org, 23 août 2019.

[4] Le Secrétaire du Conseil de discernement iranien et ancien commandant du CGRI Mohsen Rezai a déclaré que les informations relatives aux attaques israéliennes contre des positions iraniennes en Syrie étaient erronées. ILNA (Iran), 25 août 2019.

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