Suite à l’attaque iranienne du 14 septembre 2019 contre les installations d’Aramco en Arabie saoudite, Ibrahim Al-Amin, rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Akhbar, affilié au Hezbollah et connu pour son soutien à l’Axe de la résistance, a averti dans un article du 23 septembre de la possibilité de nouvelles attaques contre l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et d’autres cibles.

Dans son article, Al-Amin expose la « nouvelle stratégie » adoptée selon lui par l’Axe de la résistance contre l’ennemi, mené par les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et leurs alliés, notamment au Yémen. L’aspect le plus important de cette stratégie est le passage de l’étape de la retenue à celle de l’attaque punitive. Selon Al-Amin, l’étape de l’attaque punitive, déjà atteinte, ne prendra fin que si l’ennemi américain et ses alliés cessent leurs guerres contre l’Axe. Il affirme également que l’Axe est disposé à passer à l’étape de la guerre totale, si nécessaire, et qu’il en est capable. Il observe encore qu’une attaque punitive ne se limitera pas à une période limitée ou à une cible spécifique, mais pourra inclure tous les agents impliqués dans ces guerres contre l’Axe. L’opération contre les installations d’Aramco n’a révélé que « le sommet de l’iceberg des capacités des pays et des forces de l’Axe de la résistance », et les attaques punitives incluront des coups plus douloureux assénés aux pays agressifs, affirme-t-il. Et d’ajouter que les Émirats arabes unis ont récemment reçu un avertissement clair et définitif, les enjoignant à cesser la guerre au Yémen, sous peine de subir une agression sévère.

Raillant l’Arabie saoudite et ses alliés, qui ont selon lui été embarrassés et surpris par les moyens technologiques et militaires des houthistes, Al-Amin a averti que, s’ils n’avaient pas le choix, ces derniers intensifieront leur réponse, jusqu’à franchir toutes les lignes rouges.

Notons que ces derniers jours, les houthistes continuent de menacer l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Abdoul-Malik Badreddin Al-Houthi, leur dirigeant, et Mahdi Al-Mashat, président du Conseil politique suprême, ont annoncé que si la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ne mettait pas fin à son agression contre le Yémen, l’organisation reprendrait ses attaques [1].

De même, dans une interview diffusée le 17 septembre 2019 sur Al-Jazira, Mohammed Abd Al-Salam, porte-parole houthiste, a averti d’une éventuelle attaque en territoire émirati. Le lendemain, 18 septembre, le porte-parole militaire des houthistes, le brigadier Yahya Saree, a déclaré que l’organisation possédait une liste incluant des dizaines de cibles émiraties potentielles, ajoutant, en s’adressant aux dirigeants des EAU : « Même une opération unique vous coûtera cher. » [2] Extraits : [3]

[…] Des détails nombreux et importants sur l’opération héroïque de haute qualité [contre] Aramco restent flous. Dans l’éventualité où l’Arabie saoudite n’accepterait pas l’initiative yéménite [annoncée par le dirigeant houthiste le 21 septembre, selon laquelle les houthistes mettraient fin aux attaques contre l’Arabie saoudite, si elle cesse d’attaquer au Yémen] [4], cette opération se reproduira, et contre d’autres cibles également…

Comment est-il possible que les armées américaine, israélienne, britannique, française, allemande, égyptienne, soudanaise, saoudienne et émiratie soient incapables de parvenir à une conclusion sur la manière dont l’opération Aramco a été menée… [?] Serions-nous face à des idiots ou quoi ?

En termes simples, le fait est que les prochains défis auxquels seront confrontés les États-Unis et leurs gangs ne concernent pas seulement la décision à prendre au niveau politique et le comportement à adopter face à l’Axe de la résistance, mais concernent plutôt les éléments technologiques, militaires, sécuritaires et de renseignement que l’Axe de la résistance détient, comme il l’a prouvé. Notons que ce que l’on a vu [dans l’opération contre Aramco] n’est que le sommet de l’iceberg des capacités des pays et des forces de l’Axe de la résistance.

La stratégie de l’Axe de la résistance

Dans ce contexte, il est devenu clair que l’Axe de la résistance a adopté une nouvelle stratégie face à ses ennemis, et qu’il [n’opère pas] dans une seule arène. Concernant l’arène yéménite, on peut dire ce qui suit :

  1. La décision de l’Axe de la résistance de passer de l’étape de la retenue stratégique à celle de l’attaque punitive a commencé à être mise en application, et elle ne pourra être stoppée que si l’ennemi américain et ses alliés mettent fin aux guerres militaires, sécuritaires et économiques [contre lui].
  2. Cette décision s’accompagne d’une autre décision [prise par l’Axe de la résistance], celle d’être tout à fait disposé à lancer une confrontation totale et ouverte si nécessaire, ou si l’ennemi choisit la guerre totale…
  3. L’attaque punitive a ses propres objectifs, clairs et déclarés : mettre fin à l’agression actuelle [de la part de l’Arabie saoudite et de ses alliés]. Lorsque ce but sera atteint, l’attaque [punitive] cessera. Mais si les ennemis ne cèdent pas [c’est-à-dire ne cessent pas leur agression], cela signifie sans nul doute qu’il y aura une transition vers une attaque stratégique, visant à bouleverser le statu quo politique, militaire et même économique.
  4. L’attaque punitive ne se limite pas à une période ou à une cible particulière – elle peut s’étendre à tous les éléments impliqués dans ces guerres contre l’Axe de la résistance, sans exception. Cela signifie que ceux qui participent à cette guerre doivent se préparer à des réactions sévères [qui seront déclenchées] lorsqu’elles s’avéreront nécessaires.
  5. L’attaque punitive exige [que nous] assénions aujourd’hui des coups plus douloureux contre les pays [menant une] agression directe. On peut dire que l’opération [du 14 septembre] contre Aramco ressemblera à un pincement d’oreille, comparée à ce que [l’Axe de la résistance] est capable de faire, conformément à [son] plan précis contre des [nouvelles] cibles.
  6. Les Émirats arabes unis ont reçu un avertissement explicite de la part d’une tierce partie et ont obtenu un délai bref et limité : soit vous abandonnez la manœuvre actuelle et entamez le processus en vue de quitter cette coalition [qui attaque le Yémen] et de vous retirer du Yémen, [et vous mettez fin] à la guerre et à la destruction, au Nord et au Sud, soit vous vous attendez [à recevoir] votre part de l’attaque punitive, et ce sera une attaque puissante…

Concernant la capacité des forces yéménites à exécuter de telles opérations, l’importante activité de renseignement menée au Yémen par les pays de l’agression… a conduit leurs équipes de renseignement militaire à une conclusion claire : au Yémen, il existe une activité [houthiste] sans précédent, qui vise à créer ces capacités [par eux-mêmes] et qui ne dépend plus [seulement] de la contrebande d’armes de haute qualité [venues de] l’autre côté de la frontière [de l’Iran vers le Yémen]. En effet, l’axe de l’agression [la coalition, dirigée par l’Arabie saoudite] inspecte les activités sur toutes les routes menant aux zones sous le contrôle d’Ansar Allah [des houthistes] et utilise tous les moyens techniques, humains et sécuritaires imaginables, dans les airs, sur terre et en mer. Il est donc très difficile pour les pays de l’agression de comprendre comment Ansar Allah a atteint ce niveau de progrès technique, qui [semble] incompatible tant avec son passé militaire qu’avec les capacités actuelles du Yémen. Ils [les ennemis] se sentent plus détendus [car ils surveillent les postes frontaliers, mais en cas d’attaque], ils se grattent la tête, impuissants, et crient : « C’est l’Iran [qui a mené l’attaque !] »

Ces [ennemis] doivent savoir que le leadership [houthiste] d’Ansar Allah a des perceptions, des règles, des moyens de dissuasion et des considérations qui limitent [pour l’heure] la capacité de ses forces militaires à opérer dans les lieux hautement sensibles de l’ennemi. Mais ces règles seront annulées par la suite, lorsque l’heure sera venue d’assouplir ces [principes contraignants]. Alors, il ne restera plus aucune ligne rouge, ou quoi que ce soit d’autre.

Lire le rapport en anglais

Notes :

[1] Raialyoum.com, 20 et 21 septembre 2019.

[2] Ansarollah.com, 18 septembre 2019 ; Al-Qods Al-Arabi (Londres), 18 septembre 2019. Voir aussi MEMRI TV Clip No. 7492, Houthi Military Spokesman Brigadier Yahya Saree Threatens The « Glass Towers » Of Abu Dhabi And Dubai, Adds: We Have Dozens Of Targets In The UAE, le 18 septembre 2019.

[3] Al-Akhbar, Liban, 23 septembre 2019.

[4] Raialyoum.com, 21 septembre 2019.

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