Le massacre perpétré le 15 mars 2019 par le suprémaciste blanc australien Brenton Tarrant dans deux mosquées de Christchurch, Nouvelle-Zélande, dans lequel 50 fidèles musulmans ont trouvé la mort et des dizaines d’autres ont été blessés, a suscité de vives réactions dans le monde arabe et musulman. Les dirigeants arabes et musulmans ont souligné la responsabilité qui incombe à l’Occident et à la communauté internationale de protéger les musulmans contre le terrorisme et de combattre l’extrême-droite ainsi que le racisme et l’islamophobie qu’elle répand. Les organisations islamiques ont appelé à promouvoir une législation criminalisant l’incitation à la haine contre les musulmans, dans la même veine que les lois contre l’antisémitisme en vigueur dans certains pays.

De nombreux articles ont paru dans la presse arabe  condamnant le massacre, désignant la montée de l’extrême-droite et des sentiments antimusulmans comme la cause directe de l’attentat, et appelant à contenir ces éléments politiques avant qu’il ne soit trop tard. Certains articles ont accusé le président américain Donald Trump lui-même d’encourager l’islamophobie et les éléments qui la diffusent. D’autres journalistes, des porte-parole du Hezbollah et des officiels syriens et jordaniens, ont accusé l’Occident, et notamment les Etats-Unis, de fomenter la haine contre les musulmans et d’être derrière le terrorisme dans le monde, y compris les attaques perpétrées au nom de l’islam. Ils ont réitéré les théories du complot selon lesquelles l’Occident aurait créé les organisations terroristes islamiques comme l’Etat islamique, dans le but de ternir l’image des musulmans, suscitant ainsi des actes de terrorisme contre eux.

A l’inverse, d’autres auteurs ont appelé à s’abstenir de tenir l’Occident dans son ensemble responsable du massacre, soulignant que le terrorisme existe partout et que toutes les nations du monde doivent s’unir pour le combattre.

Le massacre est la conséquence de la montée de l’islamophobie en Occident, diffusée par l’extrême-droite sous la direction de Trump

De nombreux auteurs ont imputé le massacre à l’extrême-droite en Occident, qui s’est renforcée au cours des dernières années et qui, selon eux, diffuse la haine raciste contre les musulmans. Certains ont aussi décrit Trump comme le leader de l’extrême-droite. Ils ont appelé à combattre ce discours extrémiste avant qu’il ne suscite de nouveaux massacres et peut-être même une guerre de civilisation et un climat similaire à celui ayant mené à l’ascension des nazis en Allemagne et au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Un journaliste égyptien : La montée de l’extrême-droite en Occident est la raison du massacre  

Le journaliste égyptien Mursi Atallah, ancien président du conseil éditorial du quotidien gouvernemental Al-Ahram, a écrit dans un article :

Ce fou stupide qui a ouvert un feu aveugle à l’intérieur d’une mosquée, tout en marmonnant des paroles répugnantes exprimant sa préoccupation pour les Européens et pour la race blanche face à l’afflux des migrants musulmans, n’est pas le seul responsable de cet effroyable massacre. Il faut également en rendre responsable, peut-être davantage encore, tous les groupes et mouvements qui ont élevé la voix dans les capitales occidentales ces dernières années, [lançant] des appels au racisme, à l’exclusion et à la haine. Ce sont eux qui ont incité ce fou à préparer son crime, étape par étape, dans un plan dont les détails ont été soigneusement élaborés, y compris sa décision de le perpétrer un vendredi, lorsque les mosquées sont plus fréquentées que tous les autres jours…

Tant que les habitants du prétendu monde libre ne se réveilleront pas et ne prendront pas de mesure ferme pour mettre fin à la haine dans les médias et au racisme contre les étrangers, et en particulier les musulmans, encouragés par certains cercles officiels aux Etats-Unis, en Europe et en Australie, le monde sera menacé par le danger de guerres destructrices entre les civilisations et de la régression vers les cultures de la jahiliyya [ère pré-islamique]. [1]

L’ « extrême-droite » crée le démon de « l’islamophobie » (Al-Sharq Al-Awsat, Londres, 16 mars 2019)

Le journaliste Abd Al-Bari Atwan : Trump est l’idéologue et le père spirituel de l’exclusion meurtrière

Abd Al-Bari Atwan, propriétaire du quotidien en ligne Rai Al-Yawm, a pointé l’islamophobie comme cause directe de l’attentat et désigné Trump comme le « père spirituel » de l’extrême-droite. Il a écrit :

Le phénomène de l’islamophobie, ou de la haine des musulmans, en Europe et en Occident n’a rien de nouveau. Ce qui est nouveau, c’est qu’il prend la forme d’un terrorisme armé et passe de déclarations, d’incitation et de profanation de cimetières à des attaques [réelles]… Ce raciste [Tarrant] a exposé son idéologie terroriste dans un traité de 73 pages, dans lequel il a expliqué qu’il mènerait une attaque meurtrière pour défendre la race blanche et venger les victimes des attaques musulmanes en Europe, et également en raison de sa haine des migrants…

Ce qui est intéressant, c’est que les modèles de ce terroriste criminel sont le président américain Donald Trump et le gang d’instigateurs dans les médias qui diffusent ce racisme dégoûtant à l’intérieur et à l’extérieur des Etats-Unis…

Les gouvernements occidentaux ont conscience de la menace que ces organisations racistes font peser sur la sécurité et la stabilité de leurs pays… Mais la menace [véritable] se trouve chez les partis et mouvements idéologiques qui cultivent [ces organisations] et dans les répercussions potentielles de leurs actes, perçus comme [exigeant] des représailles et une vengeance et qui sont de clairs actes de défi contre les gouvernements. Le président Trump est le père spirituel de cette idée meurtrière d’exclusion, [car] il lui apporte un soutien officiel, non seulement en interdisant aux citoyens de sept pays musulmans d’entrer aux Etats-Unis, mais aussi en refusant avec impudence d’identifier l’auteur du massacre de Nouvelle-Zélande comme un terroriste et en adressant [seulement] de faibles condoléances aux familles des victimes…

Les gouvernements occidentaux ont commis un grave crime lorsqu’ils ont minimisé le phénomène de l’islamophobie et n’ont pas pris les mesures légales nécessaires pour y remédier, comme ils l’ont fait dans le cas de l’antisémitisme… Le massacre en Nouvelle-Zélande risque d’être le premier [attentat de grande échelle], eu égard au grand nombre de victimes et à la profondeur de la haine raciste de son auteur, mais il ne sera certainement pas le dernier, du fait qu’il existe des dirigeants occidentaux qui n’ont pas honte d’exprimer une haine de toutes sortes pour les musulmans, le premier d’entre eux étant le dirigeant nommé Trump… [2]

« Des dirigeants et personnalités des médias incitateurs » sont « complices du crime » de « racisme » (arabi21.com, 17 mars 2019)

Un journaliste saoudien : La montée de l’extrême-droite pourrait recréer le climat qui a précédé la Seconde Guerre mondiale

Le journaliste saoudien Mohammad Aal Al-Sheikh a exprimé sa préoccupation que les attentats en Nouvelle-Zélande et la montée de l’extrême-droite dans le monde risqueraient de créer un climat similaire à celui qui avait mené à la montée du nazisme et à la Seconde Guerre mondiale. Il a écrit :

Le crime terroriste en Nouvelle-Zélande est un grave tournant… qui peut influer sur la sécurité et la stabilité mondiale. Le comportement de l’assassin qui a commis de sang-froid cet acte criminel, odieux et terrifiant expose la menace que représente l’extrême-droite raciste et sanguinaire. De graves avènements mondiaux peuvent en découler, similaires à ceux ayant précédé la Seconde Guerre mondiale et ayant mené à la montée de l’extrême-droite, sous la forme du mouvement nazi en Allemagne. Ces développements ont finalement conduit au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale… [3]

Lire la suite du rapport en anglais

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