Le 14 juillet 2017, trois Arabes israéliens ont ouvert le feu à l’entrée de la mosquée d’Al-Aqsa dans la Vieille Ville de Jérusalem, tuant deux policiers israéliens. Après l’attaque, Israël a fermé le complexe pendant deux jours.

Même si le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a exprimé, dans un appel téléphonique avec le Premier ministre israélien, Binyamin Netanyahou, son « opposition ferme et sa condamnation de ce qui s’est passé à la mosquée d’Al-Aqsa bénie », insistant sur le fait qu’il « s’oppose à tout acte de violence de toutes les parties, en particulier dans les lieux de culte » [1], aucune autre condamnation de responsables de l’AP n’a été émise. Les réactions officielles et celles publiées dans la presse palestinienne consistaient majoritairement en une critique sévère de la politique israélienne concernant le problème palestinien et un sentiment de compréhension vis-à-vis des agresseurs. L’accent était mis sur la fermeture du complexe et ses ramifications, et non sur l’attaque elle-même. 

Certains responsables de l’AP ont fait preuve de compréhension pour les motifs des assaillants, liés selon eux à la politique israélienne et au sentiment de désespoir à l’égard du processus politique. Le cheikh palestinien Amad Hamatu a même fait l’éloge de l’attaque sur la chaîne de télévision officielle de l’AP. Le Fatah, dirigé par Abbas, a souligné, sur sa page Facebook, l’importance de Jérusalem et d’Al-Aqsa, reprenant un extrait vidéo d’un discours d’Abbas en 2014 dans lequel il appelle à empêcher les colons d’entrer dans le complexe d’Al-Aqsa par tous les moyens possibles. Toujours dans la presse de l’AP, l’accent a été mis sur la fermeture par Israël du complexe, l’argument principal étant qu’Israël a profité de l’attaque pour changer le statu quo. La condamnation d’Abbas a été mentionnée par la presse palestinienne, mais avec un titre indiquant qu’il « exige que les mesures d’Israël pour fermer Al-Aqsa cessent » [2].

Le journal de l’AP Al-Hayat Al-Jadida s’est distingué par la publication de plusieurs articles condamnant l’attaque, qui nuit aux intérêts palestiniens et sert Israël.

Sans surprise, le Hamas et le chef de la branche nord du Mouvement islamique en Israël, Raed Salah, se sont félicités de l’attaque.

Abbas s’oppose à l’attaque et la condamne

Comme mentionné, suite à l’attentat, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a exprimé, lors d’un appel téléphonique avec le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou, « sa ferme opposition et sa condamnation de ce qui s’est passé à la mosquée d’Al-Aqsa bénie », soulignant « qu’il s’oppose à tout acte de violence de toutes les parties, en particulier dans des lieux de culte ». [3] 

Abbas dans une vidéo de 2014 postée sur la page Facebook du Fatah après l’attaque : « Nous devrions tous être des murabitoun [combattants sur le front] à Al-Aqsa »

Le lendemain de l’attentat, le mouvement du Fatah a posté sur sa page Facebook la vidéo d’un discours d’Abbas de 2014, dans lequel le président palestinien affirme : « Par tous les moyens possibles, nous devons les empêcher d’entrer dans notre Sanctuaire (Haram). C’est notre Sanctuaire Haram, c’est notre Al-Aqsa, et c’est notre Église [du Saint-Sépulcre] et ils n’ont pas le droit d’y entrer. Ils n’ont pas le droit de les profaner. »

Lien vers la vidéo sur MEMRI en français.

Le cheikh Imad Hamatu sur la chaîne télévisée officielle de l’AP : le vrai djihad est le ribat dans la mosquée d’Al-Aqsa

Après l’attaque, le cheikh palestinien Imad Hamatu a déclaré que « de tels coups [la fermeture d’Al-Aqsa] réveillent le corps endormi de la nation qui se noie dans ses désirs et ses doutes ».

Lien vers la vidéo sur MEMRI en français.

Le membre du Comité central du Fatah Abbas Zaki : À la lumière de l’absence d’espoir politique, « personne ne peut arrêter des gens qui veulent mourir »

Le membre du Comité central du Fatah, Abbas Zaki, a déclaré que l’attaque indiquait une escalade de la situation, qui, selon lui, va vers une « grande explosion ».

Lien vers la vidéo sur MEMRI en français.

Le conseiller aux affaires religieuses d’Abbas : l’occupation est la raison de l’attaque

Mahmoud Al-Habbash, conseiller aux affaires religieuses d’Abbas, a déclaré qu’Israël était responsable de l’attaque et a mis en garde contre une guerre religieuse. Dans une interview télévisée par satellite, il a déclaré : « La première raison de l’attaque est l’existence de l’occupation, qui est un cancer qui ronge la stabilité, la sécurité et la paix. Netanyahou doit l’endiguer, car c’est la seule façon de mettre un terme à tous les incidents de violence et de tension. L’occupation a précédé la résistance et le peuple palestinien ne doit pas croire aux mensonges de Netanyahou. La poursuite de l’occupation et son intensification par Israël menacent de transformer le conflit en un conflit religieux. Une guerre de religion ne s’arrêtera pas aux frontières de la Palestine et de la région ; elle gagnera le monde entier. De Jérusalem peut venir soit le danger, soit la paix, et il appartient aux Israéliens de choisir entre les deux. » [4]

Abou Alaa, chef du département des affaires de Jérusalem de l’OLP : le conflit peut se transformer en guerre religieuse ; Al-Aqsa doit être protégée par toutes les voies légitimes

Dans leurs déclarations, la plupart des principaux officiels de l’AP se sont focalisés sur la réaction d’Israël, à savoir la fermeture pour deux jours du complexe d’Al-Aqsa, plutôt que sur l’attentat lui-même, et ont appelé à défendre la mosquée. Ahmad Qurei, alias Abou Alaa, chef du département des affaires de Jérusalem de l’OLP, a écrit dans le quotidien Al-Quds, sous le titre « Avertissement : tout sauf Al-Aqsa » :

« La fermeture de la Vieille Ville et l’interdiction des prières dans le complexe de la mosquée d’Al-Aqsa, ainsi que le couvre-feu, la transformation de la ville sainte en camp militaire et d’autres mesures prises par l’occupation – la somme totale de toutes ces mesures ressemble beaucoup à des scènes qui rappellent une reconquête de Jérusalem et un prélude à une démarche importante et dangereuse, pouvant aller jusqu’à la modification du statu quo sur la première Qibla (direction de la prière des musulmans) [à savoir le complexe d’Al-Aqsa]. Cela constituerait pour des millions d’Arabes et leurs frères dans le monde musulman un fait scandaleux et pourrait susciter la fureur la plus profonde de cette nation et déclencher toute la haine qui existe dans sa conscience collective, susceptible de se manifester dans divers réactions potentielles. »

« Cette fois, Israël joue avec un feu capable de tout consommer autour de lui, dans un canon d’explosifs dont les étincelles peuvent voler au-delà de la Palestine elle-même. Cela nous oblige à dire : ‘Ô Israël, prends garde à ne pas sous-estimer cette éruption d’émotions qui peut transformer le conflit politique actuel en guerre religieuse qui ne laissera rien derrière elle.’ »

« Dans le même temps, nous devons veiller à n’ignorer aucune action de l’occupation contre la mosquée d’Al-Aqsa et à ne pas présumer qu’elle sera temporaire… et [à comprendre] que cette provocation flagrante est une occasion d’encourager une introspection urgente, dans le cadre de laquelle les Palestiniens mettront de côté les petits désaccords entre eux, s’élèveront au-dessus de leurs petites querelles et s’uniront rapidement autour d’un objectif commun et crucial : défendre Al-Aqsa de toutes les manières possibles et légitimes. Car c’est un clair moment de vérité [5]. »

Des auteurs palestiniens critiquent l’« opération d’Al-Aqsa » du 14 juillet : elle ne sert pas les intérêts palestiniens ; la résistance armée s’inscrit en faux contre la politique de l’OLP

La presse palestinienne a publié de nombreux articles sur l’attaque et la fermeture subséquente du complexe par Israël. La plupart des auteurs ont fustigé les actions d’Israël dans le complexe, affirmant que le gouvernement israélien utilise l’attaque comme un prétexte pour mettre en œuvre un plan préexistant visant à contrôler le complexe et à établir un nouveau statu quo. [6] Certains d’entre eux ont même exprimé leur compréhension de l’attaque, la qualifiant de « cri de désespoir des citoyens musulmans qui ne peuvent supporter les actions d’Israël à Jérusalem » [7].

De son côté, Al-Hayat Al-Jadida a publié plusieurs articles critiquant sévèrement l’attaque. Selon ces articles, celle-ci a été perpétrée par des mercenaires qui servent des intérêts étrangers et à un moment, pendant la visite au Moyen-Orient du Représentant spécial du président américain pour les négociations internationales, Jason Greenblatt, qui aurait pu faire évoluer la politique américaine contre les Palestiniens. L’un des auteurs a ajouté que la résistance armée ne fait que nuire à la lutte palestinienne et s’inscrit en faux contre la politique de l’OLP.

Lire la suite du rapport en anglais

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here