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Sami Abdullatif Al-Nesf, ancien ministre koweïtien de l’Information, a déclaré que l’une des « maladies chroniques et héréditaires » dont souffrent les sociétés arabes est « que nous n’avons aucun problème avec le mensonge, la tromperie et l’utilisation de la falsification et des faux médias ». Comparant la culture arabe et la culture occidentale, dans laquelle les dirigeants sont évincés pour avoir menti et où la malhonnêteté détruit les relations, il a souligné que les médias arabes ne sont pas à blâmer pour ce « triste état de fait », car ils ne sont que le reflet d’une culture qui « n’inclut souvent aucune aspiration à la sincérité ou au professionnalisme ». Al-Nesf a été interviewé sur la BBC en arabe le 27 juillet 2018. Extraits :

Sami Abdullatif Al-Nesf : Le problème dans nos sociétés arabes est que nous souffrons de certaines maladies chroniques et héréditaires. L’une de ces maladies – pertinente pour les médias et nuisible à l’islam – est que nous n’avons aucun problème avec les mensonges, la tromperie et l’utilisation de la falsification et des faux médias. Cette culture est profondément enracinée en nous. Nous savons tous, par exemple, que l’un des présidents des Etats-Unis les plus importants, Richard Nixon, a été évincé pour avoir menti. Nous savons qu’en Occident, les mensonges entre mari et femme ou entre petit ami et petite amie sont une cause de séparation. Dans notre région, par contre, vous entendez rarement un discours d’un officiel ou d’un dirigeant – notamment de nos prétendus « dirigeants historiques » – qui ne contienne une grande quantité de mensonges et de promesses. Il en va de même pour les relations personnelles, où le mensonge est courant. Lorsqu’un type appelle sa copine, une femme appelle son mari, ou vice versa…

Animatrice : Mais ce que vous dites, c’est que la population souscrit également à cette culture. Ainsi, les responsables des médias souscrivent à cette culture, à l’instar des consommateurs des médias eux-mêmes. Ne pourrait-on pas espérer une objectivité totale ?

Sami Abdullatif Al-Nesf : Tout à fait. Les médias sont comme un miroir. Lorsque vous tenez un miroir devant de beaux pâturages verdoyants où coule de l’eau, il reflétera ceci. Mais si vous tenez un miroir devant une décharge d’ordures, c’est ce qu’il reflétera. Par conséquent, gardons-nous de blâmer les médias. Les médias font partie du triste état de fait dans le monde arabe. Comme je l’ai dit, ceci affecte tous les aspects de la vie. Il y a quelques jours, la Coupe du monde [de la FIFA] a pris fin. Nos équipes arabes ont été éliminées au premier tour. Ce n’est pas étonnant. Notre culture, notre perception de la manière d’exercer une profession – que ce soit dans les médias, les sports, la médecine ou peu importe – n’inclut souvent aucune aspiration à la sincérité ou au professionnalisme. Ainsi, nos médias reflètent notre situation en général, tout comme notre situation politique, pleine de mensonges et de tromperie.

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