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Henda Ayari, ancienne salafiste dénonçant aujourd’hui les abus subis en tant que femme dans le cadre de l’islamisme, a accusé le penseur musulman suisse Tariq Ramadan de l’avoir violée dans un hôtel parisien en 2012. Dans une interview diffusée sur la chaîne télévisée égyptienne Dream le 7 avril 2018, Ayari, qui a créé une ONG pour aider, entre autres, les femmes dominées par des islamistes extrémistes, relate son histoire et la manière dont Ramadan l’aurait traînée dans une chambre d’hôtel et violée. Ayari, qui se qualifie de « féministe laïque qui défend les droits des femmes », confie avoir écrit son livre J’ai choisi d’être libre, qui retrace son parcours du salafisme au libéralisme, après l’attentat de 2015 au Bataclan, lorsqu’elle a saisi le danger inhérent à l’islam politique et aux salafistes.

Le livre comprend un chapitre sur « Zubair », qu’elle a plus tard identifié comme n’étant autre que Tariq Ramadan. « C’était quelqu’un que j’admirais et en qui j’avais une totale confiance, comme un grand frère ou un imam », explique-t-elle, décrivant leur rencontre présumée. « Tout à coup, son comportement a changé. Il est devenu très violent à mon égard […] Je pensais que j’allais mourir cette nuit car il m’a étranglée et giflée ». Ramadan lui aurait dit : « C’est ce que vous voulez parce que vous ne portez pas le hijab. » Ramadan est actuellement détenu en France, accusé notamment du viol de deux femmes. Ci-dessous des extraits de l’interview, traduits du doublage en arabe :

Henda Ayari : J’ai décidé d’écrire mon livre suite à l’attentat du Bataclan [en 2015]. J’ai été choquée de voir les victimes, les meurtres et le sang à la télévision. J’ai compris que l’islam politique et les salafistes représentaient un danger.

J’ai été forcée à me marier quand j’avais vingt ans. Je suis partie en vacances en Tunisie, et en un jour, j’étais mariée à un homme que je ne connaissais pas, qui était salafiste. Pendant les dix années qui ont suivi, j’ai vécu prisonnière de cet homme. J’ai eu trois enfants et je portais le niqab. Nous sommes allés en Arabie saoudite où il voulait que nous nous installions. Il me battait et n’avait aucun respect pour moi. Un jour, j’ai décidé de m’enfuir avec mes trois enfants.

Quand l’attentat du Bataclan a eu lieu, j’ai décidé de raconter mon histoire sur ma page Facebook. J’ai posté mes photos avant et après – à vingt ans, portant le hijab, et une autre de moi à 38 ans, sans le voile. J’ai raconté qu’avant, j’étais une femme soumise. Aujourd’hui, je suis une femme libre. Suite à mon post sur Facebook, j’ai été contactée par les éditions Flammarion. Ils m’ont suggéré d’écrire un livre qui raconte mon histoire, afin d’aider d’autres femmes. J’ai également créé une ONG pour aider les femmes.

Dans ce livre, dans un chapitre intitulé « Zubair », j’ai écrit ce qui m’est arrivé. Un homme que j’admirais m’a violée. Cet homme est Tariq Ramadan. […]

Il y a des femmes françaises qui se sont converties à l’islam et qui, à l’âge de 17-18 ans, ont deux ou trois enfants. Elles se sont mariées très jeunes. Certaines filles de 16 ans ont été contactées par des islamistes salafistes via Facebook, puis ont effectué un mariage religieux via Skype.

Je connais une fille qui a été contactée par un homme. Il a signé un contrat religieux avec elle sur Skype. La nuit, il a eu des relations sexuelles avec elle et elle est tombée enceinte. Puis il l’a larguée.

En France, de nombreuses converties à l’islam sont malheureuses, car elles sont abandonnées, oubliées et délaissées, avec des enfants. Elles ne reçoivent ni aide ni soutien. Elles portent le hijab et hésitent entre le garder et l’enlever. Elles sont malheureuses. J’ai été contactée par des Français âgés dont les enfants se sont convertis à l’islam. Ils ne savent pas quoi faire, et ils me contactent pour avoir des conseils, parce que leurs enfants ne veulent plus rien avoir à faire avec eux. Un homme m’a dit que sa fille refuse totalement de lui parler depuis qu’elle s’est convertie à l’islam. Elle a effectué un mariage religieux avec un salafiste.

Je pense qu’il y a un vrai problème. Pourquoi les Français ont-ils peur de l’islam ? A cause de ces islamistes, qui utilisent l’islam pour contrôler et emprisonner les femmes, et pour atteindre des objectifs politiques. Je le dénonce. Je reste musulmane et je suis fière de mon islam. Je suis une féministe laïque qui défend les droits des femmes. Aujourd’hui, j’appelle les politiques français à aider les ONG comme la mienne, afin que ces ONG puissent aider les femmes. […]

Il y a aussi des filles qui ont été recrutées sur Facebook et sur Internet pour aller en Syrie. Je connais des filles qui ont essayé de voyager en Syrie après avoir communiqué avec un type sur Facebook. Le type proposait ensuite que la fille aille en Syrie. Je connais un type qui s’y est rendu. On lui a dit qu’il travaillerait pour une organisation humanitaire, mais en fait, ces gars-là sont utilisés comme chair à canon. Ces gars sont sacrifiés à la guerre, croyant que c’est cela, l’islam. Les femmes sont utilisées comme des prostituées ou des filles-esclaves captives pour donner naissance à des enfants. […]

En 2012, j’ai posté sur Facebook une photo de moi sans hijab. Ce jour-là, Tariq Ramadan m’a écrit : « Assalaam alaykum, sœur Henda. Comment allez-vous ? Ce que vous faites n’est pas bien. » […] Il a dit que j’attirais le regard des hommes et que ce n’était pas bien. Je pensais que cela ne pouvait pas être vraiment Tariq Ramadan. Tariq Ramadan ne m’aurait pas envoyé un tel message. J’ai répondu : « Tariq Ramadan n’a pas le temps. Vous vous faites passer pour lui. » Et là il m’a dit : « Je suis vraiment Tariq Ramadan. Si vous ne me croyez pas, je vais vous le prouver. » Il a suggéré que nous passions à Skype. J’ai accepté. Il a allumé la caméra et j’ai vu en face de moi le vrai Tariq Ramadan. J’étais très choquée. C’était incroyable. Je ne m’attendais pas à ça. Tariq Ramadan me parlant, s’intéressant à moi, apparaissant devant moi. J’étais un peu choquée de ça. Et après il m’a dit : « Je peux vous appeler. Donnez-moi votre numéro de téléphone. Et il m’a proposé qu’on se voie le samedi suivant. […]

Je le considérais comme un grand frère ou un imam. J’avais plein de questions sur l’islam que je voulais lui poser, et par ailleurs, j’avais la chance de rencontrer quelqu’un que j’admirais. Je lui faisais confiance. Je ne m’attendais pas à ce qu’il se retourne contre moi. […]

Il m’a dit : « Vous devriez venir dans ma chambre d’hôtel, car il y a de nombreuses personnes qui pourraient me reconnaître. Il vaut mieux que nous parlions dans ma chambre, où ce sera plus calme. » Puisque je le voyais comme un frère et un imam, je lui ai fait totalement confiance. Je l’admirais et je le considérais comme l’homme musulman modèle. […] [Quand je suis arrivée], il est allé se laver les mains. Puis il m’a serré la main et m’a embrassée. Et là… Je ne m’attendais pas à ça, mais j’avoue que je l’ai laissé faire.

Mais après, tout à coup, il a changé de comportement. Il est devenu très violent envers moi. Il m’a jetée sur le lit, et il a fait ce qu’il a fait. […] Quand il m’a poussée sur le lit, j’ai dit non. Je lui ai dit que ces choses pourraient devenir incontrôlables. Cela l’a mis encore plus en colère et il a fait ce qu’il voulait. Il était très violent. Je pensais que j’allais mourir cette nuit parce qu’il m’a étranglée et m’a giflée. Il m’a dit : « C’est ce que vous voulez parce que vous ne portez pas le hijab. » […]

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