Dans un article publié le 21 juin 2018, Mursi Atallah, ancien président du conseil d’administration du quotidien égyptien Al-Ahram, aborde le problème de la fuite des cerveaux dans le monde arabe. Le principal atout des pays arabes, écrit-il, n’est pas leurs ressources naturelles, mais leur capital humain. Toutefois, leur incapacité à cultiver l’excellence conduit les gens talentueux à émigrer vers d’autres lieux, où ils peuvent réaliser leur potentiel. Il appelle ces pays à édifier des infrastructures universitaires et de recherche suffisantes pour dissuader les talents locaux d’émigrer, et à maintenir des contacts avec les expatriés, au moyen d’entreprises communes, car ces cerveaux constituent le véritable « soft power » [puissance douce] des Arabes. Extraits : [1]

Nous commettons une lourde erreur en pensant que la puissance de la nation arabe repose uniquement sur ses vastes réserves de pétrole et de gaz, ou sur l’emplacement géographique unique [des pays arabes], au carrefour entre les différents continents du monde. Selon de récents rapports de l’ONU, la nation arabe dispose d’un grand nombre de talents dans tous les domaines – science, technologie, économie, philosophie et sports – [qui résident] dans différents pays à travers le monde. Chacun de ces cas particuliers constitue un « lobby » individuel dans le combat contre les forces hostiles aux Arabes.

La vérité est que les accomplissements des Arabes à l’étranger représentent un acte d’accusation contre la plupart des pays arabes, [révélant] l’inadéquation honteuse de leurs systèmes, qui incite ces individus talentueux à émigrer, à la recherche d’une occasion appropriée de prouver leur capacité à servir l’humanité dans son ensemble, et les pays arabes en particulier. Le départ de ces esprits créatifs prouve que l’arriération de la plupart des pays arabes provient essentiellement du caractère inadapté de leurs systèmes administratifs, qui permettent souvent à de petits talents d’occuper le devant de la scène publique, au détriment des grands talents. Cela est dû au fait que le copinage, la flagornerie, l’obséquiosité et l’hypocrisie sont des armes fatales, qui peuvent tuer des talents et les empêcher d’être découverts.

Les talents qui émigrent sont victimes de l’ignorance de la société à l’égard de l’importance et de la mission de la recherche scientifique. Preuve en est le fait que la somme investie par tous les pays arabes réunis pour construire des usines modernes et leur fournir les équipements et les cerveaux nécessaires à la recherche scientifique est inférieure à celle investie [séparément] par Israël, la Corée ou le Japon. Si nous avons été incapables de parvenir à une unité politique ou à une intégration économique, ou même d’ouvrir nos frontières au libre-échange des marchandises et des personnes, afin de réaliser la vision d’une identité arabe unifiée, alors [peut-être] devrions-nous rechercher l’unité escomptée par le biais de nos talents à l’étranger – soit en les aidant sur place, soit en nous efforçant de les ramener, au moyen d’initiatives de recherche [arabes] conjointes, susceptibles de restaurer une partie de l’honneur perdu de cette nation. Ceci pour ne pas manquer l’occasion en or d’investir dans notre soft power [puissance douce] déployé à travers le monde !

Lien vers le rapport en anglais

Note :
[1] Al-Ahram (Egypte), 21 juin 2018.

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