Dans un article intitulé « Un accord alternatif », paru dans le quotidien gouvernemental jordanien Al-Rai, Salah Jarrar, ancien ministre jordanien de la Culture et vice-président de l’université de Jordanie, prend position contre le plan de paix du Moyen-Orient promu par l’administration Trump, connu dans le monde arabe comme « l’Accord du siècle ». Il écrit que cet accord ne reflète rien d’autre que la faiblesse des Arabes et l’arrogance d’Israël et des Etats-Unis, qui souhaitent imposer aux Arabes une solution humiliante qui ne répond à aucune de leurs demandes, et ne restaure aucun de leurs droits. Exhortant les Arabes à ne pas attendre que les détails de cet accord soient connus et à ne pas le considérer comme marqué du sceau du destin, il les enjoint de proposer un accord différent, dans le cadre duquel tous les juifs venus en Israël après la Déclaration Balfour de 1917 et leurs descendants retourneraient dans leurs pays d’origine « sans rien emporter avec eux », les réfugiés palestiniens reviendraient dans leurs maisons et les Etats-Unis et la Grande-Bretagne indemniseraient les Palestiniens et les Arabes pour les “dommages” causés par l’occupation et par l’accueil des réfugiés palestiniens. Il ajoute que, même si ce plan ne semble pas réalisable aujourd’hui, les Arabes doivent persister, car il s’agit de leurs droits et qu’ils finiront par les obtenir. Extraits:[1]

Le monde entier est aujourd’hui préoccupé par le soi-disant « Accord du siècle », inventé par Donald Trump et ses équipes diplomatiques, économiques et sécuritaires. De nombreux politiciens et intellectuels, arabes et non-arabes, tentent de découvrir les détails de cet accord, entouré de mystère et d’obscurité, tandis que les Arabes et les musulmans [se contentent] d’attendre de voir ce qu’entraînera cet accord, comme s’il était marqué du sceau du destin.

Quels que soient sa nature, son contenu et ses objectifs, l’Accord du siècle est la conséquence naturelle de l’état actuel des Arabes, caractérisé par la division, les guerres intestines, les conflits insensés, la négligence et l’incapacité à affronter les défis, les ambitions et les complots étrangers et l’occupation sioniste des terres arabes. Chacun sait que plus les Arabes se montrent flexibles et souples, plus les sionistes et leurs alliés américains deviennent obstinés et arrogants, au point de faire des demandes allant à l’encontre de toute logique et de toute loi ou principe, et nous traitent comme des esclaves vaincus, soumis et humiliés. A tel point que nous les voyons à présent tenter d’imposer une solution qui les satisfait, mais ne répond à aucune de nos demandes et ne rétablit aucun de nos droits arabes spoliés.

Au milieu de cette dangereuse réalité… nous devons mettre fin à notre silence et à notre inaction et déclarer, avant tout, que nous nous opposons catégoriquement à tous les plans sionistes et américains et que ce sont nous qui choisirons l’accord que nous voulons appliquer en tant que solution [au conflit]. Ce sera l’Accord de [nos] vies, pas l’Accord du siècle, et il inclura les clauses suivantes :

  1. L’occupation israélienne des terres palestiniennes entre la Méditerranée et le Jourdain prendra fin.
  2. Tous les juifs venus en Israël après la Déclaration Balfour de 1917, ainsi que leurs enfants et descendants, retourneront dans les pays d’où ils sont venus, sans rien emporter avec eux.
  3. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne indemniseront les Palestiniens pour tous les dommages causés par l’occupation sioniste de la terre et de sa population.
  4. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne indemniseront les Etats arabes pour les dommages causés par l’agression sioniste contre leurs terres, et pour l’accueil des réfugiés [palestiniens] au cours des années d’occupation.
  5. Tous les Israéliens ayant participé au meurtre de Palestiniens seront déférés aux Palestiniens, pour être poursuivis et recevoir la peine qu’ils méritent.
  6. Les réfugiés palestiniens reviendront dans leurs maisons et reprendront possession de leurs biens.
  7. Les dirigeants de l’occupation sioniste signeront un document déclarant qu’ils n’ont aucun droit, historique ou autre, en Palestine.
  8. Si la partie israélienne, ou son allié américain, souhaitent négocier l’une de ces clauses, cela sera soumis à un référendum du peuple palestinien, et les [négociations n’interviendront] que si tous les enfants de Palestine et les familles des martyrs l’acceptent.

Certains diront peut-être que les clauses qui précèdent [décrivent] un rêve qui ne peut être réalisé dans l’état actuel de la nation arabe. Mais je dis que l’état actuel, aussi grave soit-il, ne prive personne de ses droits, et que ces clauses [décrivent] nos droits et que nous devons continuer de les exiger, que nous les obtenions aujourd’hui ou à l’avenir…

Lien vers le rapport en anglais

Note :

[1] Al-Rai (Jordanie), 4 juillet 2018.

 

 

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