Mohammed-Reza Bahonar, membre du Conseil de discernement iranien, a déclaré dans une interview diffusée le 5 août 2019 sur la chaîne Ofogh (Iran) que le PAGC [Plan d’action global commun] n’aurait pas été approuvé si le Guide suprême Khamenei s’y était opposé. Il a expliqué que personne au sein du gouvernement iranien ne pouvait prendre de décision contraire à celles de Khamenei, ajoutant que toute suggestion contraire était « injuste » envers le Guide et envers le régime. Dans la même veine, il a affirmé que la récente rencontre entre le ministre des Affaires étrangères iranien Javad Zarif et le sénateur américain Rand Paul n’avait pas été tenue secrète de Khamenei. Selon lui, l’Iran a une stratégie pour détruire Israël – qui ne survivra pas plus de 25 ans – et quitterait le PAGC seulement lorsqu’il serait parvenu à la conclusion que le prix dépasse les avantages.

Lorsque le journaliste a cité des déclarations du ministre iranien du Pétrole, selon lesquelles l’Iran avait vendu une quantité significativement plus élevée avant les sanctions économiques qu’actuellement, Bahonar a contesté les chiffres, affirmant que les ventes iraniennes de pétrole étaient bien plus élevées, et il a suggéré que cette question ne soit pas abordée à la télévision nationale, car le régime avait de nouvelles méthodes qui devaient rester confidentielles. Extraits :

Mohammed-Reza Bahonar : Pensez-vous vraiment que dans notre pays – et avec notre type de régime – quelqu’un serait autorisé à signer le PAGC s’il y avait une quelconque objection en haut-lieu ?

Journaliste : Je crois que le Guide de la Révolution [Khamenei] était opposé au PAGC plus que quiconque, d’après ses déclarations.

Mohammed-Reza Bahonar : Alors qu’est-il arrivé ? Il n’a pas pu de l’empêcher ?

Journaliste : Il a accepté le PAGC sous certaines conditions préalables.

Mohammed-Reza Bahonar : Non. N’entrons pas dans cette discussion.

Journaliste : Pourquoi pas ?

Mohammed-Reza Bahonar : Je vais vous dire pourquoi. Pensez-vous que l’honorable Guide était opposé au PAGC, mais qu’il n’a pas été en mesure de l’arrêter ?

Journaliste : Permettez-moi de citer le Guide suprême textuellement : « Je ne suis pas optimiste concernant ces négociations. »

Mohammed-Reza Bahonar : Je vous pose la question.

Journaliste : Et je cite le Guide suprême. Après tout, je ne peux pas attribuer mes positions au Guide suprême.

Mohammed-Reza Bahonar : Pensez-vous que, dans ce pays, lorsque le Guide suprême prend une certaine décision, chacun peut faire le contraire ? Vous vous trompez assurément…

Journaliste : Mais le Guide de la Révolution l’a dit lui-même.

Mohammed-Reza Bahonar : Regardez, il existe une grande différence entre ne pas être entièrement satisfait de quelque chose et s’y opposer. […] Actuellement, l’honorable Guide affirme clairement : nous refusons de négocier avec l’Amérique. Ce n’est pas dans notre intérêt.

Journaliste : Mais notre ministre des Affaires étrangères a rencontré secrètement un sénateur américain, et cela a été publié par la suite.

Mohammed-Reza Bahonar : Il ne l’a pas rencontré secrètement.

Journaliste : [Zarif] l’a dit lui-même.

Mohammed-Reza Bahonar : Non, ce n’était pas le cas.

Journaliste : Je vous dis que si.

Mohammed-Reza Bahonar : Que voulez-vous dire en employant le mot « secrètement » ? A-t-il été gardé secret du régime ou du public ? Dire que cela a été tenu secret du régime est injuste pour le Guide.

Journaliste : Il a été décidé que le Majlis examinerait la question de savoir si cela avait été tenu secret du régime.

Mohammed-Reza Bahonar : Cela n’est pas juste envers le régime. Avec la grâce d’Allah, le régime est assez fort. […] Je parlais un jour à un ami, et il m’a dit : « Comment se fait-il que vous ne soyez pas autorisés à raser Israël entièrement avec nos missiles et à mettre fin à tout cela ? » J’ai expliqué que ces discussions n’avaient rien à voir avec moi ou avec vous. Le régime a une stratégie. Si Allah le veut, cela sera comme l’a dit le Guide. Je le crois de tout mon cœur. Le régime sioniste ne peut pas survivre encore plus de 25 ans. Toutefois, cela ne signifie pas que nous allons le frapper avec des missiles demain et tout détruire. […]

Nous ne quitterons le PAGC que lorsque nous parviendrons à la conclusion que son prix dépasse ses avantages. Puisque nous n’en sommes pas là, nous ne le quittons pas. Lorsque nous atteindrons ce point, le régime décidera définitivement de se retirer du PAGC. […] L’unité mondiale contre nous n’existe plus.

Journaliste : Etait-ce l’objectif du PAGC lorsque nous l’avons signé ?

Mohammed-Reza Bahonar : Oui. A une certaine époque, le gouvernement disait que les résolutions du [CSNU⦎ étaient de simples morceaux de papier, et qu’ils pouvaient tout aussi bien émettre 5, 7, 8 ou 10 résolutions contre nous. Lors de la précédente série de sanctions, ils ont aussi tenté de ramener nos ventes de pétrole à zéro. A l’époque, nous vendions au moins 500 000 – 600 000 barils par jour. Aujourd’hui, nous avons de meilleures méthodes, mais nous n’allons pas dire à la télévision nationale combien nous [en] vendons.

Journaliste : Ce que vous dites est en totale contradiction avec le discours officiel. Avant le PAGC, nous vendions plus de pétrole.

Mohammed-Reza Bahonar : Non. Avant le PAGC ?

Journaliste : Les hauts représentants du gouvernement… Ils disent qu’avant le PAGC…

Mohammed-Reza Bahonar : Quel PAGC ?

Journaliste : Que voulez-vous dire ? Combien de PAGC y a-t-il ? Je parle du PAGC.

Mohammed-Reza Bahonar : Non. Ce que je dis, c’est qu’avant le PAGC…

Journaliste : Avant le PAGC, en 2013, selon une lettre ouverte du [ministre du Pétrole] Zangeneh à l’un des membres du Conseil suprême de sécurité nationale, nous vendions entre 1 et 1,5 million de barils par jour.

Mohammed-Reza Bahonar : Avant quoi ?

Journaliste : Avant le PAGC.

Mohammed-Reza Bahonar : Vous voulez-dire lorsqu’il y avait des sanctions ?

Journaliste : Oui. Je cite la lettre de Zangeneh. Il disait…

Mohammed-Reza Bahonar : Eh bien, vous êtes dans le secret de documents auxquels je n’ai pas accès.

Journaliste : M. Zangeneh a affirmé que nous vendions alors une certaine quantité de pétrole, et les officiels affirment aujourd’hui que nous [en] vendons moins. De quel consensus et de quelle unité est-il question si nous devons vendre moins de pétrole ?

Mohammed-Reza Bahonar : La courbe graphique de leurs sanctions sur nos ventes de pétrole… Ils voulaient ramener nos ventes de pétrole à zéro. Nous prions toujours pour que notre Guide… Il est responsable et il donne les instructions. A de nombreuses reprises, il a affirmé qu’il souhaitait que nous arrivions au point où nous n’aurions plus besoin de vendre un seul baril de pétrole. C’est une excellente occasion. Mais vous dites que la situation aurait été bien meilleure sans le PAGC. Eh bien, vous devriez laisser nos auditeurs en décider.

Journaliste : Je me fie à M. Zangeneh. Je n’ai jamais vendu de pétrole dans ce pays.

Mohammed-Reza Bahonar : Vous ne l’avez pas bien compris. Vous vous trompez peut-être sur l’emplacement de la virgule décimale dans certains chiffres…

Journaliste : Non, Monsieur. Ce que vous affirmez n’est pas simple… Qu’entendez-vous en disant que j’aurais déplacé la virgule décimale ? J’ai lu ce que M. Zangeneh dit que nous avons vendu 1 à 1,5 million de barils…

Mohammed-Reza Bahonar : M. Zangeneh dit beaucoup de choses…

Journaliste : [Le chef de cabinet du président] Vaezi l’a corroboré.

Mohammed-Reza Bahonar : Ne faites-pas cela sur une chaîne nationale.

Journaliste : Ne pas faire quoi ?

Mohammed-Reza Bahonar : Vous dites quelque chose… M. Zangeneh a dit beaucoup de choses… […] Je voudrais dire une phrase et, avec votre permission, nous terminerons là-dessus. Aujourd’hui, si, si, si… Même si nous vendions deux millions de barils par jour, nous ne devrions absolument pas le divulguer. Vous comprenez ce que je dis ? Alors ne poursuivez pas là-dessus à la télévision nationale.

Voir les extraits vidéo sur MEMRI TV

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